A 58 ans, il semble avoir retrouvé énergie et inspiration. Avec son quatorzième album studio, « Téo & Téa », très autobiographique, il entend rappeler qui est le maître de la musique électronique.
Benjamin Locoge - Parismatch.com
Ce n'est pas le genre de disque très
attendu. Et c'est bien là son charme. « Téo & Téa », premier
véritable nouvel album de Jean-Michel Jarre depuis « Métamorphoses »
paru en 2000, surprend. Comme si, agacé d'être honteusement copié depuis
l'arrivée de la « french touch », Jarre avait essayé de montrer qui est
le patron. Il y a ce son d'abord, puissant, lourd et efficace, ces
morceaux aussi, treize au total, mais tous assez courts, très énergiques
le plus souvent, mélancoliques parfois. Aucun texte, seulement des
émotions que le compositeur met en musique. Réussi ? Oui, franchement. «
Ces cinq dernières années ont été assez bouleversantes, raconte
l'intéressé. Ma vie professionnelle et ma vie personnelle ont connu de
nombreux soubresauts. » Tout le monde se souvient de sa brève romance
avec Isabelle Adjani, de leur séparation médiatique par presse
interposée.
Puis Jean-Michel a épousé la comédienne Anne Parillaud, et
n'a pas hésité à afficher son nouveau bonheur. Histoire de mettre un
terme aux rumeurs. « Je me suis retrouvé, je suis resté debout, dit-il.
Ma vie a souvent traversé des montagnes russes. Je me sens parfois
dépressif, c'est l'absurdité des hauts et des bas. Ça vous tombe sur la
gueule un jour ou l'autre... Cela vous plonge dans un état de vertige,
un état d'égarement. » Puis vous sortez la tête de l'eau. Le jour de son
mariage avec Anne, Maurice, son père, est présent. Jean-Michel, peu
enclin aux grandes déclarations d'amour, peut, enfin, tourner la page
d'une interminable brouille. « Je sais ce que je dois à Anne dans cette
réconciliation. Aujourd'hui, j'ai des relations avec mon père, ce qui
n'a pas été le cas pendant des années. La boucle est bouclée. »Apaisé,
le cur moins lourd, l'esprit plus léger, Jarre s'empare de ses claviers
et se lance dans la composition. Une centaine de titres arrivent très
vite.
Le projet « Téo & Téa » se dessine. « Je voulais évoquer le
retour à l'autre, la recherche de son double. A tous les âges, on passe
notre temps à vouloir partager nos émotions avec quelqu'un, peu importe
le sexe ! » « Téo & Téa » va droit au but. On sent le coup de
foudre, l'envie d'être éternellement jeune, le désir de vivre à fond,
comme des gamins. Il y a un peu d'Anne dans Téa (on l'entend très
distinctement pousser des cris sur « Beautiful Agony ») et beaucoup de
Jean-Michel dans Téo. « La société dans laquelle on vit imprègne
forcèment nos créations. J'ai le sentiment que, dans les années 80 et
90, nous étions dans une époque cynique. Aujourd'hui, nous sommes prêts à
tout dans notre quête absolue de l'autre. Téo et Téa sont dans
l'insouciance de l'amour, dans l'envie d'avancer ensemble. Ils ne sont
pas nécessairement jeunes, ils ont chacun évolué dans des mondes
parallèles avant de se trouver. Et l'étincelle de leur rencontre leur
donne une nouvelle énergie. »« Téo & Téa » fait effectivement preuve
d'une inspiration retrouvée... «Même si j'aime beaucoup Aero (son
album paru en 2004), j'étais à l'époque trop occupé par les histoires de
son 5.1 et de son surround pour arriver à composer moi-même.
J'étais enfermé dans la technologie, enfermé dans la quête de sons
inouïs. J'étais frustré par la mauvaise qualité du C.d., la crise du
disque vient de là également. Le C.d., pour moi, c'est le 78-tours du
numérique ! » avoue-t-il aujourd'hui. Depuis, Air, Daft Punk, les
Chemical Brothers, Bob Sinclar, Emilie Simon et bien d'autres ont imposé
leur talent sur la scène électronique mondiale. « Je n'ai pas de
revendications musicales, car j'ai toujours eu du recul. Je fais de la
musique électronique depuis toujours. J'ai vu des vagues passer et
emporter plein de gens avec elles. Qui parle encore de la french touch
? Depuis 1976, j'aurais pu me contenter d'être le truc branché du
moment, mais j'ai toujours su m'en préserver. En ne cherchant pas à
comprendre, car un artiste n'a pas à se poser cette question. »
Source: parismatch
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