BOURGES (AFP) - Spécialiste des mega spectacles qui, de la place de la
Concorde à la Muraille de Chine, de Houston (Etats-Unis) aux Docklands
de Londres, ont attiré des centaines de milliers de spectateurs à
travers le monde, Jean-Michel Jarre a choisi le 26e Printemps de Bourges pour y donner vendredi, devant 100 personnes, le plus petit concert de sa carrière.
Le
"père" d'"Oxygène", album qui, au milieu des années 70, fut une des
premières productions musicales françaises à toucher un large public
hors de l'hexagone, est présent à Bourges dans le cadre d'un cycle de
musiques électroniques ("Audio Brunch").
La manifestation,
organisée avec Monum, le Centre des monuments historiques, a pour cadre
le site historique du palais Jacques Coeur. Jarre (prestation vendredi à
l'heure du déjeuner) y figure au nombre des "pères fondateurs" de la
techno, aux côtés d'autres "anciens"
(Luc Ferrari le 11 avril,
Jean-Jacques Perrey le 13) et de quelques uns de leurs héritiers, DJ's
en vogue du moment : DJ Olive, l'autrichien Christian Fennesz, le belge
Soul Designer, Roudoudou...
"Ma présence à Bourges participe de
mon souci constant d'inscrire mon travail par rapport à l'histoire,
dit-il, j'ai été l'élève de Pierre Schaeffer au GRM (Groupe de
recherches musicales), aujourd'hui je me reconnais dans des musiciens
comme les Chemical Brothers, Aphex Twin, Underworld...".
Pour son
"set" de Bourges, le musicien a choisi symboliquement de s'exprimer avec
une demi douzaine d'instruments qui représentent un raccourci de la musique
électronique du 20e siècle, depuis le theremine, instrument des années
20 inventé par l'ingénieur russe Léon Theremine, utilisé par Stravinsky,
jusqu'à un "prototype terminé la semaine dernière" en passant par son
premier synthétiseur moog de 1967. "je voudrais montrer que les
instruments électroniques peuvent être aussi sexy que les guitares l'ont
été dans le rock", déclare-t-il dans un entretien avec l'AFP.
Une
pièce composé à l'époque où il était élève de l'IRCAM ("Bleu"), un
thème écrit pour l'exposition sur la beauté d'Avignon l'année dernière
("Métamorphose") et deux inédits, dont une plage de 30 minutes,
constituent l'essentiel de ce set, forme d'expression musicale que
Jean-Michel Jarre compte rééditer dans l'avenir. "C'est intéressant
d'être là où on ne vous attend pas", dit-il.
Le musicien est au
courant des problèmes qui secouent actuellement Monum. La volonté de
l'institution de "dépoussiérer" le patrimoine en organisant des actions
spectaculaires comme, entre autres, le concert de Björk à la
Sainte-Chapelle, a suscité quelques grincements de dents. Jarre affirme :
"je soutiens a priori les gens qui tentent de faire bouger les choses,
il est intéressant que les monuments historiques ne soient pas
simplement regardés comme des vieilles pierres, cette passerelle avec la
vie d'aujourd'hui et de de demain se fait sans forcément rompre le lien
affectif avec le passé".
Jean-Michel Jarre prépare actuellement
deux "projets de spectacle", dont l'un pour la fin de l'année "dans le
nord de l'Europe". Un album est aussi attendu pour la fin 2002 avec des
concerts courant 2003.
12 avril 2002
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