17/05/2012

Workshop pour Jean-Michel

Culture

Jean-Michel Jarre, l’un des premiers compositeurs français de musique électronique, était l’invité d’un workshop des Nuits Sonores – la Red Bull Music Academy Session.


 Au programme : l’inénarrable champ des mutations musicales en cours et à venir. Morceaux choisis.





Cohabitation entre l’analogique et le numérique

La naissance du CD a marqué l’arrêt de mort de la valeur du support musical. La musique se vend en supermarché, comme une boite de Kleenex ou des pots de yaourts. Mais le CD n’est pas plus solide qu’un vinyle, au contraire, sa qualité est absolument inférieure à ce qu’il se faisait auparavant.
Une succession de paradoxes et d’ambigüités ont fait de la musique électronique un objet bizarre. Et c’est tant mieux. L’électro a modifié notre relation au son, notre façon de consommer. Ce n’est pas un genre à part entière, mais plutôt un mode de réflexion, de production, de diffusion.
L’analogique et le numérique forment un mélange extrêmement riche. Le virtuel ne prend pas le dessus, bien au contraire. L’ordinateur n’a même pas réussi à enterrer le synthétiseur !
Aujourd’hui, le grand bouleversement devrait tenir dans la dilution des genres. Avec Internet, c’est la fin du diktat des frontières. Tous les sons de la planète sont désormais à notre portée. Les styles se mélangent et s’enchevêtrent. A l’instar du dubstep, assemblage de métal et de techno, résultat de raccourcis transversaux.

Son message à notre Ministre de la Culture fraichement nommée…

J’aimerais que la nouvelle Ministre de la Culture s’occupe enfin de la musique. Si Jack Lang a lancé le prix unique du livre en 1981, il aurait pu penser au prix unique du disque !
Le monde politique présente une vision démodée d’Internet, très années 90. Mais le monde de la musique doit également prendre ses responsabilités : en se structurant, majors et indépendants seront peut-être capables de transmettre un message plus clair.
Notre discipline reste franchement précaire par rapport à la littérature et au cinéma. Il est vital de reconnaitre les difficultés que rencontrent quotidiennement les artistes : sauf exception, il est devenu impossible de vivre de la musique. Et c’est absolument intolérable.

Sur ses gigantesques concerts en extérieur…

C’était un concept particulièrement neuf pour l’époque et absolument gratuit. J’ai grandi à Lyon, dans le quartier de la gare de Perrache. On y accueillait le cirque et la Vogue - la fête foraine locale. J’ai alors découvert la poésie du spectacle vivant en extérieur, son instantanéité, son absence de seconde chance.
J’ai toujours voulu développer la scénographie et utiliser les techniques visuelles de ma génération, pour que la performance soit aussi pertinente en concert. J’ai donc piraté des endroits en tout genre, le temps d’une nuit. En mettant en place des jeux de lumières et des effets pyrotechniques.
Entre Houston, Londres ou Moscou, chaque expérience a été incroyable, chaque rencontre improbable : je devrais en faire un livre !

Sur sa lyonnitude…

En tant que lyonnais, je me réjouis de l’anniversaire des Nuits Sonores. J’ai assisté à la naissance du festival il y a 10 ans : il fallait être carrément gonflé pour se lancer dans un tel projet ! L’événement est devenu une référence absolue. L’affiche, pertinente, fait le grand écart entre les différents invités.
Pour l’occasion, j’ai créé une installation sonore intitulée « Gone » - l’enfant dans le parler lyonnais. Et j’adorerais revenir en 2013 pour un méga-concert en extérieur !

Source: liberation

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