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GRAND PRIX DE L'EDITION MUSICALE
Francis Dreyfus
Si vous demandez à n'importe
qui dans la profession quel est l'heureux éditeur qui a vendu en 20
ans 55 millions de disques dans le monde avec un artiste français,
on vous répondra sans hésiter et avec une pointe d'envie: Francis
Dreyfus. Car cet exploit-là n'est pas près d'être égalé, et
constitue un magnifique exemple qui devrait en inspirer d'autres, à
l'heure où d'aucuns déplorent notre frilosité hexagonale en matière
d'export. Mais derrière cet exploit, il y a bien sûr une sacrée
expérience de la musique, 32 ans de métier exactement. Petit
flash-back à la rencontre d'un professionnel atypique qui a donné
ses lettres de noblesse au mot "indépendant", avec Jacques Revaux et
quelques autres. |
Jean-Michel Jarre, Francis
Dreyfus et Marcus Miller Photo: Jean Ber
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C'est en 1963 que Francis Dreyfus, après une
licence de droit et des études à l'institut d'Etudes Politiques de Paris
pour devenir attaché culturel, crée la SPPA (Société Parisienne de
Promotion Artistique), et les Editions Labrador, qui inscriront à leur
catalogue les chansons de Georges Aber, Gilles Thibault, Jean Renard etc,
c'est à dire les tubes de Johnny Hallyday, Sylvie Vartan, Petula Clark,
cette dernière obtenant un n°1 aux Etats Unis, tout comme Cliff Richard en
Angleterre. L'année suivante, il se lance dans la production avec la bande
originale du Manège enchanté, le célèbre feuilleton avec le chien Pollux
(500 épisodes diffusés dans le monde entier): souvenirs, souvenirs...
A partir de 1967, il édite et produit une cinquantaine de musiques de
films, dont le fameux Passager de la pluie (B.O. Franeis Lai). Dès 1968,
il s'impose comme découvreur de jeunes talents, tant en France: Alain
Bashung, Gilbert Montagné, Bernard Lavilliers, Christophe, qu'à
l'étranger, signant en édition de futures pop stars comme David Bowie, Cat
Stevens, Pink Floyd, Ten Years after, Jimmy Cliff, T. Rex. Et en 1971, il
crée sa première maison de disques, produisant Christophe qui rencontre un
succès immédiat (Les Paradis Perdus, Les Mots Bleus, Senorita).
Enfin en 1972, il découvre Jean-Michel Jarre qui secoue littéralement
la planète trois ans après avec le triomphal Oxygène, puis en 1978
Equinoxe, deux albums qui remettent la musique instrumentale à l'honneur.
Côté éditorial, il continue son ascension et se tourne de plus en plus
vers le jazz, une de ses grandes passions, ajoutant à son palmarès AI
Jarreau, Miles Davis, Les Crusaders, David Sanborn, Ricky Lee Jones,
Marcus Miller. La consécration de ce travail d'éditeur sera la signature
du catalogue Elvis Presley pour la France.
Mais Jean-Michel Jarre nous réserve alors une surprise de taille: ses
"méga spectacles", produit par Francis Dreyfus, qu il inaugure par la
Place de la Concorde en 1979, puis en Chine (Pékin et Shangai) en 1981, où
aucun compositeur occidental n'avait pu se produire, ensuite à Houston en
1986, et à Lyon en présence du Pape, à Londres (les Docklands en 1988),
et, le point d'orgue, à la Défense en 1990 avec... deux millions et demi
de spectateurs
Sans oublier le concert au Mont Saint Michel et celui pour la tolérance
à la Tour Eiffel le 14 juillet dernier. Un concept inédit de spectacles
uniques et gratuits à l'échelle d'un lieu "évènement" qui font bien sûr
appel aux technologies les plus modernes de l'image et du son. Le succès
mondial de Jean-Michel Jarre est tel qu'il entraîne dès 1985 la création
d'une structure éditoriale implantée aux Etats Unis, Francis Dreyfus Music
(USA) Inc.. Artiste fécond, il continue de créer des albums "cultes", Les
Chants magnétiques, Zoolook, Révolutions, sortant même en 1983 un disque
à... un seul exemplaire Musique pour Supermarchés. En 1993, il est même
n°1 en Europe devant Dire Straits et U2!
Le label Dreyfus, desormais représenté dans le monde entier, et fort
d'un catalogue éditorial de plus de 20 000 titres français et
internationaux, s'enrichit en 1991 de Dreyfus Jazz, dont les premières
signatures s'appellent Steve Grossman, Marcus Miller, Michel Petrucciani,
Richard Galliano, David Dexter D., le Mingus Big Band, Birelli Lagrene,
Eddy Louis.
En 1993, Francis Dreyfus crée enfin sa maison de disques américaine,
Dreyfus Records Inc. à laquelle le Festival de Montreux dédie une soirée,
la "Dreyfus Jazz Night".
Avec des artistes aussi prestigieux que Jean-Michel Jarre, Alan
Stivell, Michel Petrucciani, Gino Vanelli et Matt Bianco, Francis Dreyfus
a désormais prouvé qu'un indépendant "made in France" pouvait s'imposer au
niveau international, pour peu qu'il croise un jour sur son chemin
l'artiste de sa vie et qu'il ait la passion de la musique et de son
métier: éditer.
Car ce n'est pas un hasard si, parallèlement à ses activités
personnelles, il a également été de 1972 à 1974 le plus jeune président de
la Chambre Syndicale des Editeurs de Musique, s'il a participé à la
création de l'APPI (Association des Producteurs de Phonogrammes
Indépendants), s'il est vice-président de la SPPF (Société Civile des
Producteurs de Phonogrammes Français), administrateur de la SPRE depuis
1988 (Société Civile pour la Perception de la Rémunération Equitable), et
administrateur de l'UPFI (Union des Producteurs Phonographiques Français
Indépendants).
N'a-t-il pas même donné des conférences sur l'édition à l'Université
UCLA de Los Angeles ?
Gageons que bien des jeunes éditeurs auraient aimé y assister pour
découvrir le secret de son succès!
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