01/05/2012

"Je n'ai jamais été ŕ la mode"

Publié le 23-03-2007

 "Je n'ai jamais été ŕ la mode"



J MJ réfléchit ŕ la possibilité de repartir en tournée cette année...
J MJ réfléchit ŕ la possibilité de repartir en tournée cette année... Photo: Photo: Gérard Glaume
JMJ en quelques dates
1948 : Jean-Michel Jarre naît ŕ Lyon
1976 : Sortie de son premier albim, Oxygene, dont il a vendu 12 millions d'exemplaires
1979 : Son concert Place de la Concorde, ŕ Paris, rassemble 1 million de personnes, ce qui lui vaut d'entrer au Guinness des records
1993 : Il effectue une grande tournée ŕ travers l'Europe. JMJ est nommé ambassadeur de l'Unesco pour la Tolérance et la Jeunesse
1997 : Il sort Oxygene 7-13, la suite d'Oxygene et se produit devant 3,5 millions de personnes ŕ Moscou
1999 : Son concert au pied des pyramides de Gizeh, en Egypte, rassemble 120 000 spectateurs, 2 milliards de téléspectateurs et 2 millions d'internautes
2004 : Sortie de son album Aero, le premier au monde conçu en qualité sonore surround et concert historique ŕ la Cité interdite, ŕ Pékin
26 mars 2007 : Sortie mondiale de Téo & Téa

Il reçoit chez lui, ŕ Paris, entre deux avions. A bientôt 60 ans, Jean-Michel Jarre enchaîne les interviews. Nous sommes ŕ quelques jours de la sortie mondiale de Téo & Téa, son dernier opus, le 26 mars. Les journalistes patientent, chacun attend son tour. Et quand il arrive, la langue, parfois, fourche…

Parlons de votre premier alb…, enfin, pardon, votre 18eme album…
Mon premier album, c’est un peu ça oui ! (rires) C’est drôle que vous disiez ça car c’est aussi un peu comme ça que je le conçois. Le lapsus est significatif ! J’ai traversé une période assez sombre aussi bien au niveau personnel que professionnel il y a trois/quatre ans, et j’ai changé de maison de disque dans des conditions difficiles émotionnellement. Téo & Téa est mon premier album chez Warner. Je l’ai abordé avec une certaine jubilation et, je pense, une certaine fraîcheur. L’innocence –la part de l’enfant- et le désir de faire, c’est ce qui m’a toujours donné envie de faire de la musique.

Comment avez-vous travaillé pour Téo & Téa ?
J’ai réalisé une cinquantaine de maquettes en un mois. Rentré en studio, j’en ai sélectionné une vingtaine. Je les ai retravaillées et en ai finalisé quelques unes qui figurent désormais sur l’album.
Pour cet album, je suis sorti de derričre mon écran d’ordinateur pour retoucher de vrais instruments, travailler avec de vrais claviers, de maničre presque sensuelle. C’est comme un premier album. Tout est différent : la maničre de l’approcher, de travailler avec les  instruments. Il est plus rythmique, plus fun, plus jubilatoire. Aprčs la période difficile que j’avais traversée, c’est comme un vaccin, je me suis inoculé une dose d’énergie ! 

Expliquez-nous le titre de votre album
Téo & Téa, c’est l’idée de la rencontre. J’ai l’impression que, dans notre société, trouver un partenaire ou son âme sœur devient une quęte obsessionnelle. Téo & Téa ne raconte pas l’histoire de deux personnages mais décrit un cadre de la rencontre et de la relation dans tous ses états. Une rencontre électrisante, dynamique. Ils sont eux-męmes un mélange d’innocence et de désir, et c’est ça leur moteur.

Avez-vous utilisé de nouveaux instruments ou employé de nouvelles techniques pour créer vos mélodies ?
J’ai eu la chance de travailler avec des instruments prototypes. J’ai ce côté gosse, mais j’aime bien avoir des jouets différents parce que les nouveaux instruments tuent mes réflexes et mes habitudes. Je dois chaque fois développer une autre approche pour découvrir de nouveaux sons. 
J’ai commencé ŕ travailler avec l’idée que je ferais cet album d’une traite. Mais c’est le tout premier que j’ai entičrement mixé moi-męme. Et je suis perfectionniste… Evidemment, il y a eu des moments de découragement, parfois męme des moments de désespoir assez irrationnels, mais il faut savoir lâcher le bébé. Et, finalement, maintenant que je suis au bout du chemin, je ne conserve que l’excitation et la jubilation.

Comment danse-t-on sur votre musique ?
Elle est plus ryhtmique que ce que j’avais fait jusque-lŕ, certains morceaux sont clairement liés ŕ l’univers du dance floor.

Quel est le meilleur endroit pour écouter votre album ?
Cet album est fait pour ętre écouté n’importe oů. Je l’ai beaucoup écouté au casque, j’aime bien cette maničre nomade d’écouter de la musique, d’emmener partout sa musique avec soi, en balade. Je trouve ça poétique. Une autre maničre d’apprécier l’album, c’est de s’immerger dans le son, avec la version surround.

Votre carričre est déjŕ longue. Etes-vous nerveux ŕ l’approche de la sortie de ce 18eme album ?
En réalité, quand on sort son premier album, on ne sait pas ŕ quoi s’attendre, il y a trop d’impondérables. C’est lors de la sortie du second album qu’on devient nerveux, parce qu’on est attendu au tournant. Depuis mon dernier disque (Aero sorti en 2004), il s’est passé beaucoup de choses dans ma vie et dans l’industrie du disque. Le public est devenu nomade, il écoute la musique sur son portable, va l’acheter chez le disquaire, la télécharge… Le contexte est différent. Donc, je ne sais pas ce qui m’attend. J’ai retrouvé l’innocence du premier album et le désir de revoir le public.

Le plus pénible, quand on fait un album, c’est sa promotion ?

Parler de sa musique est l’exercice le plus difficile. J’ai un rapport ŕ la fois familier et étrange avec celle que je fais. Je  connais l’album par cœur parce que j’ai passé des jours et des nuits ŕ le travailler. En męme temps la musique est abstraite, elle s’échappe toujours un peu, et il est difficile de mettre des mots dessus. C’est comme quand on se regarde dans un miroir, on sait que c’est bien soi qu’on voit, mais on ne voit pas ce qu’on voudrait. L’autre aspect de la promotion d’un album, c’est qu’on parle de soi tout le temps… Malgré tout, j’estime avoir une chance énorme.

Vous ętes un habitué des concerts qui dépassent le million de sectateurs. Vous en avez męme réuni 3,5 millions en un seul concert, ŕ Moscou en 1997. Depuis, essayez-vous chaque fois de renouveler l’exploit ?

Je ne me suis jamais fixé d’objectif ŕ atteindre concernant le public, ne serait-ce que parce que l’on ne peut jamais savoir ŕ l’avance combien de spectateurs vont venir. Je ne suis pas obsédé par le fait d’avoir un large public. J’ai fait récemment un concert en plein Sahara. Il y a eu 80 000 personnes, je ne m’y attendais pas du tout.

Le show-case que vous allez donner le 28 mars ŕ Anvers repose sur un concept différent.
Oui. L’idée de départ était de faire le concert quelque part en Europe et, puisqu’une partie de la création est dématérialisée, d’illustrer cette dématérialisation. Les seules personnes physiques présentes dans la salle seront des Ť Téo & Téa ť, donc des couples, venus de toute l’Europe et qui auront gagné leurs places grâce au concours lancé par les différents Metro d’Europe. Ils seront environ 300. Mais tout le monde pourra assister au concert, de maničre virtuelle, derričre son ordinateur, relié au web.

Il vous arrive donc de jouer dans des petites salles ?

Bien sűr, ça m’est déjŕ arrivé plusieurs fois, mais les JT préfčrent parler des concerts qui rassemblent un million de personnes. D’ailleurs, c’est toujours un mystčre pour moi de voir qu’autant de gens viennent voir mes spectacles. Peut-ętre savent-ils que ça n’aura lieu qu’une fois.

Avez-vous déjŕ pensé ŕ partir en tournée, et donc ŕ faire plusieurs fois le męme spectacle ?
Je l’ai déjŕ fait, il y a longtemps (en 1993, ndlr). Mais l’idée du concert unique m’a toujours séduit. Quand j’étais petit, mes grands-parents habitaient en face de la gare Perrache de Lyon, pile devant l’endroit oů les cirques venaient faire des représentations uniques. J’étais fasciné par ce chapiteau monté pour une seule représentation dans un endroit vierge, qui était laissé tout aussi vierge une fois le spectacle fini et le chapiteau démonté. Mais, pour ceux qui avaient assisté au spectacle, l’endroit s’était chargé de souvenirs, donc était devenu un peu différent. C’est trčs poétique.
Mais pour Téo & Téa, je vais faire une série de concerts dans différents endroits, męme si je ne vais pas faire 200 dates. Je choisis toujours de lieux qui m’étonnent. Et ŕ la limite, pour moi, passer ŕ Bercy sera insolite, je ne m’y suis jamais produit !

Que pensez-vous de la nouvelle génération de musiciens électro, comme le duo de Air ?

C’est un groupe avec lequel je me sens une certaine affinité. Aprčs tout, dans l’air, il y a un peu d’oxygčne ! Ils ont revisité les années 70, et restent en dehors des modes, de la Ť hype ť. Oxygčne est sorti en 1976, en pleine vague disco. En fait, je n’ai jamais été ŕ la mode.

  Alexandra BogaertAlexandra Bogaert
Metrofrance.com

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