23/12/2012

Jean Michel Jarre à Gdansk

28/08/2005





100.000 personnes autour du pape français de la musique électronique pour les 25 ans de Solidarité

GDANSK Plus de 100.000 personnes ont assisté vendredi soir à un concert du compositeur français de musique électronique Jean-Michel Jarre, sur le site des chantiers navals de Gdansk dans le nord de la Pologne, pour fêter le 25e anniversaire du syndicat Solidarité. Le musicien a réinterprété ses anciennes compositions bien connues en Pologne, dont les célèbres suites Oxygène et Equinoxe, devant une foule enthousiaste massée au milieu des immenses grues des chantiers, berceaux en août 1980 du premier syndicat libre du bloc soviétiques.

Sur fond d'images laser qu'il manie à la perfection, au milieu des feux d'artifices et des photos de grèves d'il y a 25 ans projetées sur le mur d'un bâtiment peint en blanc, l'artiste a joué et bavardé avec le public pendant plus de deux heures.

Mélangeant l'anglais et le polonais, Jean-Michel Jarre a rendu un vibrant hommage à Solidarnosc, lors de ce concert intitulé L'espace de liberté et retransmis en direct par la télévision publique polonaise. «Ce concert est dédié à ces chantiers où tout a commencé», a-t-il dit. «Si nous sommes là aujourd'hui, c'est grâce à ces ouvriers des chantiers navals. C'est grâce à leur courage qu'on a pu mettre un terme à l'une des plus graves erreurs du 20e siècle: le communiste soviétique», a déclaré le musicien.

Jean-Michel Jarre a interprété notamment une oeuvre spécialement écrite pour l'occasion, Solidarité ce soir. Il a invité sur scène le chef historique du syndicat polonais, Lech Walesa, et les deux hommes se sont donné l'accolade. «Notre génération a pu donner à l'Europe une chance de liberté et de justice», s'est félicité Lech Walesa. Mais, a-t-il ajouté avec amertume, «nous étions 15.000 à l'époque, alors qu'aujourd'hui les travailleurs des chantiers ne sont plus que 3.000. La liberté s'est révélée difficile pour eux». C'est le 31 août 1980 que Walesa, électricien aux chantiers navals de Gdansk, signait les Accords de Gdansk mettant un terme à 15 jours de grève et donnant le droit aux ouvriers de s'unir au sein de syndicats «libres indépendants et autonomes». 

Subissant les pressions du pouvoir polonais et de l'URSS, Solidarnosc finit par être interdit. C'était en 1981. Lech Walesa fut interné dans un lieu secret. L'objectif du pouvoir communiste était alors de le faire plier pour faire cesser la résistance populaire. Un objectif jamais atteint. En 1983, Lech Walesa reçut le prix Nobel. Six ans plus tard, l'ex-électricien, devenu chef de l'opposition, était invité à des négociations qui allaient déboucher sur des élections et la mise sur pied du premier gouvernement non communiste du bloc de l'Est. A la fin de la même année, le mur de Berlin tombait.

Vendredi, Jean-Michel Jarre a également dédié deux compositions au pape polonais Jean Paul II, dans un mixage de chants patriotiques polonais, avec une voix du pape résonnant fort dans oreilles du public enthousiaste: «Nie ma wolnosci bez Solidarnosci» (Pas de liberté sans Solidarité).

Vers la fin du concert qui a constitué un moment fort des cérémonies du 25e anniversaire du syndicat célébré en Pologne, le public a scandé à Jean-Michel Jarre, comme il avait eu l'habitude de le faire au pape polonais: «reste avec nous».

© La Dernière Heure 2005

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