04 novembre 2010
Le pape des musiques électroniques, sous le feu des questions des
lecteurs de Var-matin, a volontiers répondu sur sa vie, l’univers et le
reste
Rencontre avec un drôle de bonhomme qui cite Daft Punk, Pierre
Schaeffer et, depuis 30 ans, célèbre la fusion de l’analogique et du
numérique. Un artiste dont le tube Oxygène est dans toutes les têtes. Au
point d’hériter du titre de « pape de la musique électronique ». Et
dont le nom figurait sur la liste d’un programme de la Nasa visant à
envoyer des civils volontaires dans l’espace. À 62 ans, « headbang »
comme au temps de l’électroacoustique. Beaucoup plus rock que son image
Jean Michel Jarre. L’artiste sera au Zénith de Toulon le 9 décembre.
Rencontre avec des lecteurs qui suivent pas à pas l’artiste, de la Cité
interdite aux pyramides de Gizeh.
Le public
Comment organisez-vous votre vie entre les tournées, les fans, la vie de famille?
Je
donne le maximum. Sur la tournée, c’est très physique mais l’équipe
s’entend bien. C’est un privilège d’être là, de rencontrer des gens qui
s’intéressent à ce que je fais et ce dans le monde entier. Je n’ai donc
pas le droit de me plaindre. Je suis toujours gêné quand je vois des
collègues artistes qui se la jouent. C’est tellement décalé. On a cette
chance de pouvoir s’exprimer et d’être écouté, ce n’est pas rien.
L’espace
Joëlle Normand :
Si vous deviez faire un voyage à la conquête de l’espace où iriez-vous?
C’est
une question assez inattendue mais c’est vrai que ma carrière a été
marquée par l’espace : lorsque j’étais à Houston et qu’un astronaute
devait jouer un morceau depuis la navette Discovery.
Lors d’un
concert à Moscou quand les cosmonautes de la station Mir sont intervenus
en direct. J’ai même un astéroïde qui porte mon nom. Mais si au début
de ma carrière musicale, nous avions une vision beaucoup plus étendue de
l’espace, fidèle à celle d’Arthur C. Clarke, cela faisait appel à notre
imaginaire. Aujourd’hui, cela est davantage limité à la Lune et Mars.
Après, ce serait extraordinaire mais pas nécessaire car la musique peut
remplacer cela.
La musique
Bertrand Pavillon :
Vous avez de très nombreux instruments sur scène, comment vous choisissez entre de vieux instruments et des ordinateurs?
C’est une des grandes questions de ma vie. Dans les années 1980 j’avais été pris dans l’ère numérique.
J’étais
comme aliéné par cela, au point de me perdre en studio dans le travail
sur ordinateur. Mais j’ai fini par me rendre compte que cela ne pouvait
pas tout faire. Que même si ces technologies aident beaucoup, elles ne
remplacent pas l’analogique. Le son d’un violon joué par un ordinateur
ne pourra jamais égaler celui d’un Stradivarius. J’ai mis du temps à
réaliser que rien ne remplace rien.
Et si j’utilise de vieux
instruments sur scène qui ne sont plus produits, ce n’est pas un réflexe
vintage mais moderniste. C’est de l’archéologie musicale. Et puis
toucher ces boutons, cela a un côté jubilatoire!
Laurent Fabre :
Quel est votre format préféré?
Le
vinyle sans hésiter! Car j’ai un rapport affectif à ce support. Et la
dématérialisation a changé ça. Mais aujourd’hui on offre un disque, pas
un mp3.
Bertrand Pavillon :
De quoi partez-vous pour composer?
Les
sources sont diverses mais ce sont très souvent des impressions
sonores, comme le côté feutré de pas dans la neige, une phrase entendue
à la radio qui reste collée dans la tête.
Qui emporte vos faveurs chez les jeunes?
J’écoute
énormément de musique mais dans l’électronique, nous avons une des
scènes les plus importantes du monde. Avec Daft Punk, Air, Sébastien
Tellier, Koudlam, Vitalic, Yuksek ou Justice! J’ai de l’admiration pour
eux et j’aimerais échanger avec eux.
Source: varmatin.com
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