18 mars 2010
Jean-Michel Jarre, l'artiste habitué, depuis ses débuts, aux super-shows en plein air, se produit ce soir au Zénith de Nantes.
Marc Roger
Entretien
On attendait un artiste inaccessible, à l'ego aussi démesuré que
les mégalopoles qu'il a conquises à grands coups de lasers. Un guerrier
Jedi filant à la vitesse de la lumière entre deux interviews aussi
réglées que ses shows. On a rencontré un ado de 61 ans, simple et non
avare de son temps, qui aime autant parler du cirque que de sa tournée « 2010 » qui démarre en France, cette semaine. Bribes de conversation débridée.
Jubilation-inquiétude. « 2010 est ma
première tournée dans des espaces contrôlés qui ne dépendent pas de la
météo. Un projet fou dans une scénographie liée à la vidéo, la 3D, que
je vis entre jubilation et inquiétude. »
Synthé-lasers. « Il y aura soixante-dix instruments
sur scène : certains inédits, conçus par des luthiers modernes, et des
Stradivarius du synthé qui ont disparu avec l'explosion du numérique. On
m'a souvent associé au laser. Je l'ai pourtant peu utilisé en dehors de
la harpe laser. »
Froid-chaud. « La musique électronique n'est pas la
musique froide ou abstraite qu'on imagine. C'est une approche tactile,
sensuelle. De la cuisine. L'abstrait, ce sont les signes sur le papier :
dans un siècle, le solfège sera du martien. »
Pionnier-rétro. « Quand j'ai commencé la musique
électronique, j'avais, comme quand le rock est né, l'avantage d'être sur
un terrain vierge, même s'il y avait Pierre Schaeffer (père de la
musique concrète, à la fin des années 1940). C'était vertigineux.
Aujourd'hui, avec trente ans d'électro derrière eux, les artistes naissent vieux. Il y a moins d'innocence. »
Père-fils. « Mon père (NDLR : Maurice Jarre, disparu en 2009)
a été plus absent que présent. La musique de film, j'ai toujours
considéré que c'était son territoire. D'une manière inconsciente, j'ai
fait les bandes-annonces des films qu'on se fait dans nos têtes. »
Scène-chapiteau. « Gamin, les saltimbanques du
cirque me fascinaient. J'allais les voir cours de Verdun, à Lyon. Jouer
en plein air comme je le fais d'habitude, c'est un peu de la magie du
cirque : poser un chapiteau et prendre des risques. »
Oxygène-environnement. « La pochette d'Oxygène (le premier album est sorti en 1976) aurait
pu être le logo d'Al Gore ! On avait alors l'an 2000 devant nous,
l'espoir. Depuis, l'horizon s'est rétréci et il est maintenant plein de
gens qui nous assènent du marketing anxiogène !!! »
Véronique ESCOLANO.
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