« Jean-Michel Jarre », chez Orban, est un très bel album avec des photos  signées Charlotte Rampling, Helmut Newton, Armand de Wildenberg et des  textes de Jean-Louis Remilleux. Il permet de revivre la magie de tous  les concerts de Jean-Michel. Sort également un 33 tours rassemblant les  meilleurs morceaux de ses concerts de Houston et de Lyon mais recréés en  studio à partir des versions originales.
C ‘est France Jarre qui, la première, a accueilli Jean Moulin lorsqu’il  est venu à Lyon, puis elle a été déportée a Ravensbnick. A2 a invité son  fils dans toutes ses émissions et journaux, et diffuse son concert  lyonnais en stéréo avec NRJ.
Pardonnez-lui, cela fait trois jours qu’il ne dort pas… » En I’absence  des propriétaires de céans – Jean-Michel sera de retour dans queIques  minutes, Charlotte (Rampling) est au Texas où elle tourne un film  policier et les enfants, Barnabé, Emilie et David, sont en classe – une  pétillante dame très brune fait les honneurs de la maison de Jean-Michel  Jarre, à Croissy, près de Paris. « C’est la dernière fois que I’on  photographie le mobilier 1950 de Jean-Michel et de Charlotte. Le mois  prochain, ils vont tout refaire. » France Jarre, la mère de Jean-Michel,  ne parait pas fâchée de voir disparaître les tables de formica et les  lampes à abat-jour de plastique. « Savez-vous que c’est probablement à  ma mère que je dois d’avoir eu I’envie de mon grand concert à Lyon, lors  de la visite du Pape à I’automne 1986 ? », précise Jean-Michel.
L ‘inventeur du pick-up Teppaz
II est né a Lyon, en août 48, à l’hôpital de la Croix Rousse: « C’est  grâce à ma mère, d’une vieille famille lyonnaise, et à mes  grands-parents Jarre, eux aussi lyonnais, que j’ai gardé de très  profondes attaches avec cette ville. Je n’y ai pas grandi puisque ma  mère m’a élevé seule, modestement, à Vanves, mais j’y ai passé mes  vacances jusqu’à I’adolescence. » Jean-Michel se souvient qu’enfant, il  était fasciné par les boutiques d’antiquités que tenait, à côté de celle  de sa mère, aux Puces, le frère de Boris Vian. « Mes instruments –  clavier à images ou harpe laser sont directement héritiers de son orgue à  parfums ou de son violon trompette. » Héritiers aussi de cette console  de mixage dont son grand-père, André Jarre, fut I’inventeur avant de  mettre au point le premier pick-up portable Teppaz. « Son atelier était  pour moi une caverne d’ Ali Baba où je passais des journées entières  pendant mes vacances. Le concert de Houston, : avec un million trois  cent mille spectateurs, était impressionnant par ses dimensions. Celui  de Lyon, lui, m’a particulièrement ému. Vous vous rendez compte la scène  se trouvait exactement à I’endroit où ma grand-mère allait faire son  marché. Mes grands-parents habitaient cours de Verdun. De la fenêtre, on  voyait les boulistes. Maintenant, tout est bétonné. »
 Ce béton, qui a gangréné la ville et dont I’invasion a coïncidé avec la  disparition de ses grands-parents, a tenu Jean-Michel quelque temps  éloigné de sa ville natale. Mais I’empreinte restait puissante. « Quand  j’ai su que le pape allait venir à Lyon, j’ai aussitôt sauté sur  I’occasion que m’offrait I’actualité pour faire connaître cette ville  particulièrement complexe et attachante. Lyon est à la fois très  religieuse et très franc-maçonne. C’est une ville très florentine et  très européenne, de par sa position de carrefour entre l’Europe latine  et l’Europe du Nord. C’est, enfin, une ville du passé tournée vers le  futur. Et en pleine actualité avec la visite du Pape, puis aujourd’hui,  avec le procès Barbie. » Un procès que la mère de Jean-Michel suit avec  beaucoup d’attention. « Au début de la guerre, elle tenait un commerce  de lingerie féminine, La Lingerie pratique, et c’est une héroïne de la  Résistance. Lorsque Jean Moulin est venu à Lyon, c’est elle qui, la  première, I’a accueilli. Trois fois arrêtée, elle a été trouvée la  troisième fois – quinze jours avant la Libération de Paris – en  possession de tous les plans de l’insurrection à Paris. Elle a été  déportée à Ravensbrück dont elle n’est revenue qu’un an plus tard. »
 La médaille de De Gaulle
 Dès 1942, France Jarre recevait de Londres sa médaille de la Résistance  que Charles De Gaulle lui avait fait envoyer et qu’elle reçut d’un  parachutiste. Elle devait être la première femme résistante ainsi  récompensée: « Ma mère redoute un peu le « cirque » que Verges crée  autour de ce procès, mais contrairement à d’autres, elle estime que ce  procès est indispensable. En ce qui me concerne, je pense qu’en dépit  des révélations choquantes et scandaleuses que risque de faire Verges,  et qui viseront à salir des résistants et même, je crois, des Juifs,  notre époque, et les jeunes surtout, est assez adulte pour s’accommoder  d’une vision de I’Histoire moins monolithique que celle qui nous a été  enseignée à nous. » C’est parce qu’il pense, aussi, que le troisième  millénaire sera celui de I’intégration du passé et du modernisme le plus  avancé, que Jean-Michel Jarre a pour prochain projet la réalisation  d’un concert-show à Londres, dont les anciens docks réaménagés  accueillent, dans ce qui fut le coeur de I’ Angleterre du passé, les  industries et les installations les plus révolutionnaires: « Le concert,  expliquait-il, aura lieu en septembre. II ne me reste plus que trois  mois pour écrire la musique et monter le spectacle. Je cours sans cesse  après le temps, surtout en ce moment, mais la journée d’ Antenne 2 me  satisfait pleinement. Rendre compte à la fois de I’actualité et des  émotions qu’elle suscite en moi, c’est précisément la raison d’être de  mes spectacles où je mêle différentes formes d’expression, images,  musique et sons. » II y a, dans le programme d’été de Jean-Michel Jarre,  beaucoup de nuits blanches en vue. Car celui que la presse a sacré «  pape de la musique futuriste », et qui a conquis le monde avec trente  millions de disques vendus, est avant tout un passionné…
 Martine BOURRILLON Photos Alain Canu


 
 
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