Rares sont les Lyonnais qui ont pu profiter du spectacle de dimanche soir, tant la foule dépassait les prévisions.
Pour quelques milliers de privilégiés, ceux qui avaient réussi à prendre place à moins de cent mètres du podium ou Jean-Michel Jarre et sa quinzaine de musiciens officiaient, le spectacle a tenu ses promesses. Les diapositives géantes de mère Theresa, de Lech Walesa ou du Mahatma Gandhi apparaissaient comme par magie sur les façades des immeubles au bord de I’eau, tandis que dans le ciel explosaient des milliers de fusées multicolores. Ces privilégiés venus du fleuve se jet tent a terre et s’amarrent a des gradins installes sur les quais alors qu’une immense foule s’agglutine et s’écrase derrière les barrages de sécurité. En face, sur I’autre rive, la cathédrale Saint-Jean, la basilique de Fourviere et, à hauteur du palais de justice, la scène de six mètres de haut de Jean-Michel Jarre. Cette toile architecturale composée de maisons et de monuments n’attend qu’un coup de baguette magique pour s’animer, se réveiller en CinémaScope. Mais le Pape Jean-Paul II se fait attendre. Des milliers de personnes trépignent. Une heure plus tard, bénédiction du Pape, joyeux carillon de cloches, la grand-messe selon Jean-Michel Jarre peut enfin commencer . Jean-Michel Jarre est aux commandes de son vaisseau, petit point rouge qui gesticule au loin et saute de son synthétiseur à clavier lumineux a sa harpe laser. Déploiement de rayons verts sur lesquels il pianote. D’un coup, on est porte dans un autre univers. Destination: la galerie jarrienne pour un concert cosmique, planant, électrique et industriel. Comme pour son. mégaconcert » de Houston, le capitaine Jarre a sorti sa batterie de lasers, ses effets spéciaux très « Guerre des étoiles », ses projecteurs type D.C.A., sa pyrotechnie sophistiquée. Le tout commandé par ordinateur et supervisé par une même équipe technique, Mais les projections différent. Pour Lyon, Jarre a choisi le thème de la communication. Des images de mains, de regards, de visages, de planètes, alternent en fondu enchaîne. Et puis le décor Iyonnais n’a rien à voir avec les buildings de Houston. Ici Jarre joue sur l’horizontalité.
Nuage magnétique
Les maisons s’éclairent par touches impressionnistes multicotores. Basilique et cathédrale s’embrasent, étincellent, comme des rubis qui ne demandent qu’à sortir de leur écrin pour faire une promenade au clair des étoiles, Surréaliste ! Changement de style. Du vert, du jaune, du bleu s’alignent comme sur une toile de Andy Warhol. Du pop’art pour pop star. Des faisceaux lumineux balaient l’horizon dans un french cancan endiablé du Moulin Rouge, Une, deux. Des feux d’artifice claquent, fouettent le ciel de toutes parts. L’air se gonfle d’Oxygène, d’Equinoxe, de Chants magnétiques, de Zoolook et du petit dernier Rendez-vous, Une musique qui habille ou déshabille I’espace, Aussi à l’aise dans les aéroports et les supermarchés que dans la nuit Iyonnaise. On flotte sur un nuage magnétique aussi confortable qu’un matelas de mousse pour s’enfoncer dans des profondeurs aquatiques. Bruits bizarres et variés: gargouillis, ondulations de vagues, chuchotements de robots, coups de tonnerre, envolées symphoniques rehaussées par les cuivres de l’orchestre de Lyon et les choeurs d’enfants de la Cigale de Lyon. La nuit fut magique, Plaisir de I’éphémère. Une nouvelle opération réussie pour le Lyonnais Jean-Michel Jarre.
Emmanuele FROIS.
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