- J’ai commencé par là où finalement les compositeurs finissent, puisque j’ai déjà été joué, il y a neuf ans. Ma première oeuvre mise au répertoire de l’Opéra était une musique pour un ballet intitulé Aor -, qui signifie lumière en hébreu. C’était la première fois que la musique éIectronique entrait à l’Opéra de Paris. J’ai actuellement en chantier une commande passée par son nouveau directeur, Bernard Lefort. II s’agit d’un opéra pour 1981. II me faut du temps pour le concevoir .
- Qu’appelez-vous l’escroquerie intellectuelle de la musique contemporaine ?
- Tous les compositeurs de musique contemporaine ont une attitude extrêmement intellectuelle et élitiste, et s’adressent à un public très particulier. On a l’impression qu’on est obligés d’être quelque peu docteur en philosophie ou en mathématiques pour comprendre le concert. Ce sont peut-être de très bons chercheurs en laboratoire, mais pas des artistes. Xénakis déclarait récemment que ramener I’art à la sensibilité, c’est être vulgaire. Son jugement est extrêmement élitiste. Au nom d’un pouvoir culturel, on va dire aux gens : voila la bonne musique que vous allez aimer et si vous ne I’aimez pas, retournez à I’école; puis quand vous serez assez intelligent vus aurez à I’apprendre. C’est cela que je dénonce comme escroquerie intellectuelle.
- Vous reprochez aux milieux intellectuels leur conception très « Jeunesse musicale de France ».
- Ce serait vieillesse musicale de France, plutôt que jeunesse. C’est le discrédit qui est jeté sur tout ce qui n’a pas suivi des voies classiques. Personnellement, j’ai la chance d’avoir eu une base classique, et d’avoir effectué des études classiques. Donc je peux juger la musique classique par rapport à une autre musique.
- Pourquoi ne vous voit-on pas à la TV ?
- Dans quelle émission ? II y a I’émission de Pierre Petit qui rabâche depuis dix ans que Beethoven était sourd, et des émissions de variété, où il faut être chanteur.
Pourtant « Oxygène » a été la musique la plus diffusée en 1978 à la T.V.
Ma musique était diffusée au journal télévisé, à « La vie des animaux », dans les émissions scientifiques, pour les génériques des films…
- Votre épouse Charlotte Rampling est-elle votre Oxygène ?
- Je pense que toute compagne ou tout compagnon, quand cela se passe bien au niveau relations humaines, doit être de I oxygène, c’est-à-dire essentiel à la vie affective; Charlotte et moi sommes chacun notre oxygène réciproque.
- Comment un couple de stars peut-il s’harmoniler ?
- Charlotte et moi n’avons jamais construit notre carrière en fonction du box-office. Nous faisons en sorte que, quand l’un travaille, I’autre puisse être à l’ écoute, c’est-à-dire lui donné son temps. J’ai travaillé neuf mois sur » Equinoxe », et pendant ce temps, Charlotte était près de moi. Si demain elle tourne film, je m’arrangerai pou êtrer près d’elle, non pas pour lui tenir la main au premier degré parce que c’est une aventure émotionnelle qu’on doit vivre en communauté, pas seulement pour I’autre, mais aussi pour nos enfants.
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