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15/01/2014

Atari Magazine - n° 14 - 1990

                      
  
        
page 114 - page 133 

                  

11/10/2012

Spektakel mit Schwierigkeiten: Ägypten feiert sein siebtes Millennium



Eigentlich hatte Jean Michel Jarre eine zwölfstündige Multimedia-Oper geplant. Doch nach massiver öffentlicher Kritik insbesondere von islamischen Fundamentalisten haben die Veranstalter mit Rücksicht auf den Fastenmonat Ramadan die Hauptfeier auf zweieinhalb Stunden gekürzt.




Von Jarres ursprünglicher Idee ist damit kaum noch etwas übrig: In Anlehnung an eine pharaonische Tradition wollte er die Sonne auf ihrer Reise durch die Nacht begleiten - von Sonnenuntergang bis Sonnenaufgang. Probleme bereitet den Veranstaltern auch das Vorhaben, die 136 Meter hohe Cheops-Pyramide während der Feier mit einer vergoldeten Spitze zu krönen. Die Idee ist gleich von zwei Seiten unter Beschuss geraten: Islamisten sehen in der Goldspitze ein "Symbol des freimaurerischen Zionismus" und wittern eine Verschwörung dunkler Mächte. Denkmalschützer fürchten, die drei Tonnen schwere Metallspitze könnte die Pyramide beschädigen. Der Kulturminister erwägt nun, statt Metall eine stoffbespannte Holzkonstruktion zu verwenden oder die Pyramide nur durch Lichteffekte zu vergolden.

Unterdessen verwandelt sich das Pyramidenplateau von Giseh allmählich in eine Großbaustelle. Arbeiter errichten neben einer Bühne in der Größe von 18 Fußballfeldern auch 15 beheizte Großzelte mit Holzfußboden. Darin werden jene 7500 Gäste das Spektakel verfolgen, die für 400 US-Dollar einen Sitzplatz samt Menü von Fünf-Sterne-Hotels gebucht haben. Falls die Regierung nicht in letzter Minute eine anders lautende Weisung gibt, können sie sogar ein Glas Wein zum Dinner genießen, was sonst im Ramadan verboten ist.

Ob sie für ihr Geld wirklich die besten Plätze bekommen haben, ist indes unsicher. Denn die Beschallung des riesigen Geländes in der Wüste erweist sich schwieriger als gedacht. Am Ende könnte es sein, dass die Zuhörer auf den 50.000 Stehplätzen direkt vor der Bühne den besseren Sound hören.

Viele Ägypter lässt der ganze Rummel kalt. Während das Kulturministerium mit dem Slogan "Das dritte Millennium für die Welt, das siebte für Ägypten!" wirbt, leben sie gerade im zweiten: Der Jahrtausendwechsel fällt mitten in das Jahr 1420 des islamischen Kalenders, und bei der Minderheit der koptischen Christen schreibt man das Jahr 1716. In Kairo werben die Reisebüros nicht mit Angeboten zur Millenniums-Feier, sondern mit Ramadan-Sonderreisen nach Mekka.

Hotelzimmer in Kairo sind für Kurzentschlossene immer noch zu haben. Allerdings sollten sie sich auf Preise von mindestens 220 US-Dollar (420 Mark) in den Fünf-Sterne-Hotels gefasst machen. Wem das zu teuer ist, dem bleibt in Ägypten eine romantische Alternative: Silvester in der Wüste unter winterklarem Sternenhimmel.

Christoph Dreyer

Jean Michel Jarre - Träume vor den Pyramiden


20.12.1999


DER SPIEGEL 51/1999

13/07/2012

Egyptian court OKs pyramid party

28 December, 1999
A welder gets to work on the set of Jean-Michel Jarre's extravaganza

A court in Egypt has ruled against a last-minute legal challenge to plans to celebrate the new millennium with a huge concert and laser show at the pyramids, directed by the French musician Jean Michel-Jarre.
The appeal against the celebrations was lodged by a 75-year old lawyer, Abdul Halim Ramadan, who argued that too much public money has been spent on the $9.5m extravaganza and that lasers used to project giant images onto the three Giza pyramids would harm the monuments.
He also said that the pyramids have no connection to the point of the celebration - the 2000th anniversary of the birth of Jesus Christ.
"Egyptians are poor and humble people who can't afford such extravagances," Mr Ramadan said.
He now says he will take his case to Egypt's highest administrative court, but with New Year's Eve only three days away he is running out of time.

However, the lowering of a golden cap onto the biggest of the pyramids at midnight - the planned climax of the event - was cancelled last week after what Egypt's Culture Minister, Farouq Hosni, called "negative propaganda".

Spectacular lighting effects are inspired by ancient Egyptian mythology

The celebrations are taking place during the Muslim holy month of Ramadan and are seen by many Egyptians as irrelevent at best.
But Egypt says it is expecting 50,000 people - mainly foreign tourists - to attend what's being billed as an electronic extravaganza to see the new millennium in at one of the world's oldest existing structures.


Ancient themes

With tickets ranging from $15 to $400, the highlight is expected to be Jean-Michel Jarre's concert, entitled The Twelve Dreams of the Sun and inspired by ancient Egyptian mythology.

A little more this way: Jean-Michel Jarre supervises rehearsals
 Mr Jarre said on Tuesday he was behind schedule because some of his equipment was being held up by Egyptian customs at the northern port of Alexandria.
But Mr Jarre was not unduly worried about his show, which will feature 1,000 Egyptian and international artists.
"I am running late, but that is the usual process," he said.



The show will depict the pharaonic belief that after setting on the Western horizon, the sun travels in a boat through the dark underworld and passes through 12 gates in 12 hours to be born again, strong and youthful.






Extra security is being drafted in to protect the audie
Image

Security is tight with hundreds of police on duty for the event, which Egypt hopes will redemn its international image after the massacre by Islamic militants of 58 foreign tourists in Luxor nearly two years ago.

"I think we should stop the paranoia that the West is bringing into this area of the world," said Mr Jarre. "We had more terrorist acts in the past 10 years in Paris than in all of Egypt. "This millennium night must be a big opportunity to project a positive image of this area," he added.

15/06/2012

(extrait d'Oxygène n° 4, avril 1999)

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Après le concert qu’il a réalisé dans le cadre d’Apple Expo, Jean Michel Jarre a donné le dimanche 20 septembre 1998 une conférence sur le futur de la création musicale.
Cette conférence était l’occasion de parler de ce qui lui tient à cœur dans le domainede la musique et de l’image lié à l’utilisation de la technologie : « Je voudrais aujourd’hui aborder différents thèmes avec vous, parler de musique, de technologie, de multimédia, d’interactivités. »

 Il a d’abord souligné que l’aventure de la création liée à la technologie n’était pas si  récente qu’on veut le faire croire : « C’est le 50e anniversaire de la musique électronique puisqu’il y a 50 ans exactement Pierre Schaeffer inventait le concept de musique concrète, qui a donné la musique électroacoustique, et en même temps Stockhausen créait le premier film de musique électronique à Cologne en Allemagne. »

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 L’informatique et l’ordinateur

L’informatique et les ordinateurs ont beaucoup évolué de leur création à la sortie de l’iMac et, pour Jarre, l’image d’une informatique bienfaisante n’est réelle que depuis peu car « c’est depuis assez récemment, 2 ou 3 ans, qu’on s’aperçoit que l’informatique commence vraiment à nous faciliter la vie. » Cependant, il regrette encore le manque de convivialité et l’absence d’esthétique de l’ordinateur.
La lacune esthétique de l’ordinateur en fait un objet très impersonnel alors qu’« on a besoin absolument de développer nos relations affectives avec les instruments. » Jean  Michel Jarre fait remarquer à ce propos que « depuis le début de l’informatique, il y a eu un progrès énorme sur le plan technologique mais il y a presque eu une régression dans le domaine esthétique qui est pourtant essentiel pour chacun de nous ». Il donne alors l’exemple de Stradivarius qui gardait chaque violon pendant un mois dans sa chambre avant de mettre la dernière couche de vernis, en concluant qu’« aujourd’hui personne n’a vraiment envie de coucher avec un ordinateur. »


Quant au manque de convivialité de l’ordinateur, il provient de la pauvreté des interfaces avec le créateur : « On est toujours coincé avec une souris et quand on pense qu’on a quand même 10 doigts de pied et 10 doigts de main, 2 yeux, 2 oreilles..., on a quand même une interface qui semble vraiment  primaire. » S’il met beaucoup d’espoir dans le développement actuel des interfaces vocales, Jarre regrette le manque d’interface analogique alors qu’il existe déjà des interfaces à bouche pour imiter le jeu des instruments à vent avec un synthétiseur.
« L’informatique dans l’avenir, pour la musique, doit absolument essayer de s’ouvrir aux interfaces analogiques. »
Pour lui, le lien qui existe entre l’image et le son pourrait même conduire à la création d’interfaces encore plus particulières : « On pourrait imaginer qu’un peintre fasse de la musique avec un pinceau ou avec un crayon. C’est ça qui est intéressant avec la technologie. »

 Les instruments

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L’un des sujets très discutés pendant la conférence fut la technologie des instruments électroniques qu’il s’agisse de l’ordinateur ou du synthétiseur. Jean Michel Jarre tient d’abord à mettre en garde les gens sur l’approche qu’ils peuvent avoir face aux instruments électroniques : « Je ne pense pas qu’il y ait des instruments universels. C’est une approche dangereuse que de penser que la qualité du son vient seulement de l’instrument. » Il se méfie aussi des effets de la mode de l’analogique en rappelant l’histoire de la fameuse TB303 : « Pour les musiciens qui connaissent un peu les synthés, si on parle par exemple de la TB303 qui est un instrument de légende pour toute l’acid house et la house music, il ne faut pas oublier non plus que cet instrument a été un échec commercial quand il est sorti parce que tous les musiciens à l’époque considéraient qu’il avait un son vraiment dégueulasse. »
La mode joue aussi sur la conception des instruments. Aujourd’hui, les différentes marques de synthétiseurs multiplient les instruments à émulation analogique avec un fleurissement des potentiomètres qui peuvent devenir de véritables leurres pour les artistes car « on fait croire que le bouton que l’on a sous la main fait réellement ce que l’on veut qu’il fasse mais, en fait, il peut faire n’importe quoi. A priori, une interface qui peut faire n’importe quoi fait un peu tout mal plutôt qu’une chose bien. »
En fait, Jarre déplore le peu de liens qui unissent les fabricants et les utilisateurs, ce qui donne des instruments qui ne répondent pas aux exigences de la création : « Aujourd’hui, pour développer un synthé, ça prend souvent, entre le début de l’idée et le résultat dans le magasin, près de 4 ou 5 ans, et le constructeur vous approche 6 mois avant, au fond, pour choisir la couleur. »

 Création de sons et d’images



Grâce à la technologie, « une des grosses nouveautés pour un créateur qu’il soit dans la musique ou dans l’image, c’est qu’au fond, de plus en plus, il y a un parallèle qu’on peut faire entre le traitement audio, le traitement des sons et le traitement des images. » Même si « le rapport des couleurs et des sons ne date pas d’aujourd’hui », la technologie permet une prise de conscience de l’interactivité son-image. Avec JArkaos, Jean-Michel applique les principes de la musique à l’image, et après l’iMac Night, il envisage de faire l’inverse : appliquer des techniques de l’image aux sons. « Je voudrais aussi développer la 3D ou le relief sur le plan musical. » Et il décrit déjà la chose : « De la même manière qu’avant-hier chacun avait des lunettes, on pourrait imaginer que chacun pourrait aussi avoir un casque qui permettrait d’avoir un vraie stéréo, une vraie séparation droite gauche et une vraie possibilité de relief dans l’espace. »
On commence aujourd’hui à appréhender un peu mieux la technologie sur le plan musical car son utilisation est plus ancienne. « On est dans une époque extrêmement privilégiée où on commence à avoir suffisamment de recul sur la technologie pour justement mélanger aussi bien des instruments acoustiques que des instruments purement analogiques, que des sons issus de logiciels informatiques. »
Cependant, cela pose encore des problèmes d’écriture par rapport à l’attitude des musiques plus classiques car « on ne conçoit plus la musique en terme de notes et d’harmonies mais en terme de sons. » Jarre imagine même une partition en 3D...
Pour les images, interrogé sur l’utilisation potentielle d’images subliminales, il reste assez réservé : « C’est quelque chose d’assez dangereux sur le plan moral mais aussi sur le plan physique, pour les épileptiques notamment. »
Jean Michel Jarre a été questionné sur la possibilité de l’interactivité entre l’artiste et son public lors d’une création, interactivité qui consisterait, par exemple, à faire participer les spectateurs lors d’un concert. Il a bien comme idée d’augmenter l’interactivité mais « ce sont des choses qui sont difficiles à mettre en œuvre encore aujourd’hui pour que ce soit un réelle participation. » Pourtant, il n’abandonne pas l’idée : « ce que je voudrais faire l’année prochaine, ce serait de jouer chaque soir avec des musiciens qui ne sont pas dans la même ville ou le même pays à travers Internet. »
A cette occasion, Jarre a encore fait remarquer combien le CD-ROM ne permettait pas une réelle interactivité : « Permettre de reprendre le mixage d’une musique en donnant 4 faders virtuels pour mixer la basse, le piano, la batterie... je trouve qu’au fond ça ne va pas très loin, c’est très frustrant. Ce n’est qu’un gadget. »

 Internet


Avec l’évocation de la création artisitique et des nouvelles technologies, quelques uns ont interrogé Jean Michel Jarre sur l’utilisation d’Internet et le problème de piratage.
« Il y a beaucoup de paranoïa sur les risques que comporte Internet dans la piraterie et la diffusion » commente Jarre. Il explique qu’il faut faire une différence entre la piraterie, qui existait bien avant Internet et le « détournement de la création » puisque, pour lui, « la création est un remixage constant des influences que l’on peut avoir autours de soi. » Il ne pense pas qu’Internet va tuer les autres formes ou les autres supports artisitiques comme beaucoup le sous-entendent : « Je ne pense pas que, si demain on a Les Misérables sur Internet, dans une société où les gens ont envie de faire de moins en moins d’effort parce qu’on leur facilite de plus en plus la vie, les gens fassent l’effort d’imprimer les 500 ou 600 pages des Misérables sur un papier qui ne leur plaira pas alors qu’il y a le livre tout prêt en format livre de poche. »
En fait, Jarre veut redorer un peu l’image d’Internet qui reste pour l’instant un peu trop matérialiste. « C’est encore un des rares espaces poétiques qui existe et on n’en parle pas assez. On parle beaucoup d’Internet sur le plan financier, sur le plan mercantile et pas assez sur le plan de la création. »

Les concerts


Le dernier thème abordé est celui des concerts, avec l’utilisation d’images 3D enactualité. « Je crois qu’aujourd’hui un concert doit être un spectacle », explique Jean Michel Jarre en rappelant que « nos grands parents disaient, quand ils allaient aux concerts, on va entendre quelqu’un. Aujourd’hui, on dit plutôt qu’on va voir quelqu’un. » Toutefois, il fait remarquer que « le visuel et l’image ne viennent en aucun cas au secours d’une musique qui aurait besoin d’images pour être convaincante. »
En fait, c’est l’emploi de la musique électronique qui a engendré de nouveaux problèmes pour la scène mais aussi de nouveaux concepts : « La musique électronique était la moins scénographiable possible. » Mais « pour que la musique électronique sorte de cette espèce de fatalité de l’homme tronc », Jarre a développé l’utilisation de nouvelles technologies en terme d’image, que ce soit la harpe laser, l’image géante, ou enfin l’image live 3D comme à l’iMac Night. Ce dernier concert était en fait un essai : « Le concert était assez expérimental. Il y a des choses que je voudrais améliorer dans le contenu visuel, dans le fait de pouvoir élaborer un vrai story board sur lequel on puisse se référer en tant que spectateur et auditeur, et sur le plan musical, bien entendu, pouvoir concevoir la musique en fonction de ça. »

Bien sûr, Jarre n’est pas esclave de la technologie. Il l’utilise selon ses besoins créatifs : « la 3D n’est pas nécessairement un élément, c’est une partie, c’est comme quand on fait un morceau, il y a des morceaux où on a envie de mettre de la basse et puis d’autres où on n’a pas envie d’en mettre. » Mais l’image 3D reste quand même une avancée du point de vue scénographique et il compte l’améliorer et l’employer dans d’autres contextes. « Ce que je voudrais vraiment faire, c’est  pouvoir aussi, en dehors des concerts, faire une sorte d’événement qui soit entre le concert et un cercle de DJs, justement en utilisant la 3D. »
En fait, la technologie a permis beaucoup de progrès pour la scène et contrairement aux préjugés, elle n’aboutit pas à l’isolement des hommes : « La technologie ne va pas vers un isolement car c’est aussi une aventure humaine, c’est aussi de plus en plus un travail d’équipe et de groupe même si le public ne le ressent pas ou même si les médias, qui s’intéressent à l’apparence des choses, n’en font pas état. C’est, je pense, un des grands atouts de la technologie et de l’informatique. »
Jean Michel Jarre profite de l’occasion pour remercier toute son équipe, et plus particulièrement ceux qui ont œuvré à la réussite des effets visuels de l’iMac Night. Il rappelle l’importance que représente un tel projet sur le plan humain : « On mesure très mal la quantité de travail et d’énergie et la manière dont il faut se dédier à un projet comme ça : il faut pratiquement y dédier son existence pendant un moment, 24 h sur 24. Ce sont des choses qu’on ne dit pas assez car ça va bien au delà de ce qu’on peut en gagner financièrement et même sur le plan de la reconnaissance. C’est tout simplement grâce à la foi qu’on a en une idée qu’on a envie de la mener jusqu’au bout.»

Maxime Esnault

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(Extrait d'Oxygène n ° 4, avril 1999)

14/06/2012

(extrait d'Oxygène n° 4, avril 1999)








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 Deux mois quasiment jour pour jour après la Nuit Electronique au Champs de Mars, Jean Michel Jarre nous propose de passer une Nuit iMac en musique et images 3D. L’iMac, c’est le nouvel ordinateur du constructeur Apple, et en tant que fidèle utilisateur, Jarre a profité de l’occasion du salon annuel pour tenter une nouvelle expérience.

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Les organisateurs d’Apple Expo ont fait appel à Jean Michel Jarre pour démontrer les capacités graphiques et multimédia du nouveau produit. L’engin se veut novateur, le concert se doit donc de l’être aussi ! Finies les images plates, ces diapositives que l’on projetait jusqu’à présent sur de simples toiles, les images prennent désormais du relief et en deviennent presque palpables. D’un côté, les responsables d’Apple ont droit à la plus spectaculaire des démonstrations que l’on puisse voir dans le cadre d’un salon. Il s’agit donc d’une formidable idée en termes de promotion du produit et de la marque. De l’autre, Jean-Michel se donne l’occasion d’aller encore plus loin dans la réalisation graphique de ses concerts puisque les concepts d’X<>Pose et JArKaos se concrétisent désormais en trois dimensions. L’idée flottait peut-être dans l’air depuis un moment mais cette fois, ça marche vraiment et le résultat est on ne peut plus impressionnant...

L’annonce de ce concert a été discrète, trop peut-être ; une page de publicité dans Keyboards Magazine, une mention sur le site Internet d’Apple, autant dire que seuls les inconditionnels de Jarre et les mordus du Mac en ont eu connaissance ! Pour avoir la chance d’y assister, encore fallait-il au préalable poser son inscription par Internet puis venir retirer son invitation dans le hall d’exposition pendant le salon. Les spectateurs de l’iMac Night, se doivent d’être branchés. Ce parcours du combattant pour obtenir l’invitation est à déplorer car bon nombre de fans déçus par le concert du 14 juillet auraient eu l’occasion d’apprécier la qualité de ce nouveau spectacle et peut-être de revenir sur un jugement pris un peu trop vite cet été. Car malgré les apparences, ce concert était gratuit et ouvert à tous.

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Le lieu a facilement été trouvé : ce sera l’un des grands halls du Parc des Expositions de Paris, Porte de Versailles, à proximité du salon Apple Expo proprement dit. Les organisateurs prévoient initialement 6000 personnes, puis on parle de 12 000 pour finalement s’arrêter sur le chiffre de départ. Techniquement, le nombre est contraint par les capacités du hall d’accueil et le nombre de lunettes polarisées qu’il est possible de commander. Car pour apprécier pleinement l’événement, chaque spectateur doit disposer de sa paire de lucarnes en carton et plastique. La veille du jour J, Jean Michel Jarre et son équipe ont beaucoup répété. Ce qui aurait pu au départ n’être qu’une simple démonstration, aussi spectaculaire soit elle, s’est finalement métamorphosé en concert. Du coup, Jarre et son équipe se voient obligés de travailler d’arrache-pied pour préparer l’ensemble. Du point de vue musical, le but n’est peut-être pas de faire original mais au moins d’offrir au spectateur quelque chose d’un tant soit peu vivant pour que l’expérience soit vraiment unique.

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Le lendemain, vers 17 h, on retrouve les têtes habituelles devant l’entrée du hall 8. Jean-Michel est déjà là et les portes béantes laissent passer les notes d’une ultime répétition. Petit à petit une file disciplinée se forme le long du bâtiment. Des barrières métalliques ont été dressées autour de l’entrée afin de préserver un espace pour la sécurité, mais bien vite force est de constater que l’organisation laisse un peu à désirer. Vers 20 h, en effet, une foule compacte vient s’amasser devant ces barrières. Du coup, les premiers arrivés se retrouvent relégués derrière la foule, exceptées peut-être quelques personnes qui s’étaient scotchées aux barrières dès le départ. Devant, c’est la bousculade. La foule déjà dense doit se serrer davantage afin de laisser passer... une camionnette ! Ce soir-là, des dizaines de personnes ont été à deux doigts de se faire écraser les orteils. Les VIP ont eu droit au même traitement. Malgré une énorme enseigne affichant en gros caractères « V.I.P. » à l’entrée du hall, toutes ces personnes se sont retrouvées à l’extérieur, mélangées à la foule, faute de barrières servant habituellement à orienter les spectateurs. L’homme de la sécurité chargé d’ouvrir les accès arrive alors, invitant l’ensemble des VIP à entrer immédiatement. Aussitôt un ballet de mains brandissant invitations, passes, badges, accompagné de « pardons », « laissez passer » et autres « excusez-moi » se met en mouvement. La barrière s’ouvre et se ferme : les privilégiés passent au compte goutte après avoir pris leur respiration tandis que l’impatience se fait de plus en plus ressentir parmi les spectateurs irrités par tout ce va-et-vient fort désagréable. Au bout d’un long quart d’heure, la foule peut enfin accéder à la salle.

L’entrée, avec ses murs entièrement recouverts par les affiches de l’iMac, est un passage obligé. Là, de ravissantes hôtesses distribuent les indispensables lunettes qui vont nous permettre de voir les images en relief. Puis on accède au hall. La salle est très grande. Tout au fond, à l’opposé de l’entrée on aperçoit la scène qui occupe quasiment toute la largeur du bâtiment. En traversant la salle on relève à mi-parcours, à gauche et à droite, deux zones aménagées pour les VIP et au beau milieu du hall trône la régie au centre de laquelle les joueurs d’images prendront position derrière leurs incontournables Apple Macintosh.


Comme d’habitude, les premiers rangs sont aussitôt occupés par les plus motivés tandis que derrière la salle se remplit lentement. Le flux des nouveaux arrivants cesse malgré tout assez vite. La foule se répartit uniformément, certains s’assoient à même le sol, d’autres se baladent. Finalement, la tension du dehors retombe pour laisser place à une atmosphère plutôt bon enfant, une sorte de grande retrouvaille après le concert du 14 juillet. Les images créées en direct sur les Macs sont retransmises sur cinq écrans spéciaux installés au fond de la scène, via d’énormes projecteurs vidéo capables d’envoyer deux images simultanément, l’une pour l’œil droit et l’autre pour le gauche. Les lunettes doivent permettre à chaque œil de percevoir l’image qui lui est destinée. Le décalage entre ces deux images permet au spectateur de percevoir le relief. (Pour plus de détails, se reporter à l’article correspondant de ce numéro). Justement, à peine quinze minutes avant le début du spectacle l’un de ces projecteurs rend l’âme. Il faut le remplacer à la dernière minute et faire vite. A droite de la scène les techniciens s’agitent. On tire, on hisse, on pousse... Finalement l’attente n’aura pas été trop longue et les lumières s’éteignent. Le concert peut commencer. L’occasion pour nous de rendre hommage à tous ces messieurs de la technique pour leur compétence, leur courage et leurs sueurs chaudes et froides.

Jean-Michel arrive sur scène, micro en main. Commence l’intro d’Odyssey : « Walking upside down in the sky... » On comprend aussitôt que le visuel sera le point fort de ce concert. Pour le spectateur l’effet est saisissant. Jean-Michel fait face à la caméra stéréoscopique qui le filme en direct. Son image est projetée en 3D sur les 5 écrans. Que le spectateur soit devant ou tout au fond de la salle, Jean-Michel lui apparaît aussi vrai que nature et littéralement sous son nez. L’image est nette, en couleur et absolument pas déformée !

Aucun effet informatique n’apparaît pour l’instant, mais la prouesse technologique est déjà là. Devant la caméra, Jean-Michel joue avec son micro qui pour l’occasion a été rallongé d’une longue tige. Il le dirige et le pointe devant les deux yeux de la caméra donnant l’impression au spectateur de l’avoir à portée de main. Certains en ont même eu un mouvement de recul. Un peu plus tard, durant le morceau Révolutions, c’est Emilie Jarre, la fille de son père, qui viendra nous interpréter une danse « à l’orientale » créant un effet similaire par une gestuelle de mains et bras tendus en direction de la caméra.
Tout au long du concert, des images de synthèse de type JArKaos rejoindront les prises de vue sur scène. On retrouve des images connues, celles du Champs de Mars ou de l’émission sur M6 du mois de mai. Elles sont reprises en thème en fonction des morceaux et se mèlent à de nouvelles images très intéressantes.

Et puis il y a les nouvelles animations projetées, elles, en 3 dimensions. Il ne s’agit pas de synthèse d’image traditionnelle maladroitement rajoutée aux effets de JArKaos mais bel et bien de nouveaux effets sur les images qui s’ajoutent à ceux que nous connaissions déjà. On y voit des figures géométriques, des boules, des cercles qui dansent au rythme de la musique. Mais l’effet le plus spectaculaire reste sans doute celui du tunnel qui défile à un rythme effréné sous les yeux du spectateur qui se sent comme aspiré dans une course sans fin ! Les mauvaises langues critiqueront l’aspect répétitif du visuel et regretteront le manque de diversité de ces effets. Cela ne devrait plus se produire à l’avenir puisque Jean-Michel souhaite peaufiner ces projections en créant de véritables scénarios qui s’appuieront sur une palette d’effets qui d’ici là aura eu le temps de s’enrichir. Du point de vue musical, ce concert était un savant mélange de remixes techno et de morceaux « habituels », histoire de satisfaire tout le monde. On retrouve en effet une sélection de titres d’Odyssey through O2, déjà joués lors de la Nuit Electronique, mais aussi d’anciens morceaux tels que Souvenir de Chine, Chronologie 6 ou encore l’exceptionnel Equinoxe 4.

Loin de s’affronter, les morceaux désormais qualifiés de « traditionnels » ne cohabitent pas trop mal avec les créations récentes et l’alchimie produit son effet. Le fait de placer sur le même plan ces deux catégories permet aux fans de vérifier que les vrais morceaux de Jarre ont toujours quelque chose en plus qui fait une sacréedifférence. Ceci étant, les remixes choisis sont intéressants et se prêtent à merveille à l’expression vidéo. Chacun pouvait donc y trouver son compte.

Côté musiciens, on a retrouvé la même formation qu’au Champs de Mars : Cliff Hewitt et Paul Kodish, les deux batteurs d’Apollo 440, Christopher Pappendieck à la basse depuis l’Oxygène Tour et Claude Monnet aux platines. Parmi les moments clés du spectacle, on retiendra d’abord l’ouverture : après s’être amusé avec son micro, Jarre a joué du Theremin sur l’un des remix d’Oxygène 10 de Loop Guru. Un résultat musical on ne peut plus psychédélique pour faire apparaître les premières images... Ensuite, pour Chronologie 6, il a ressorti l’accordéon. Paris Underground a été joué sans le vocoder tandis que des très belles images de gargouilles se déformaient sur les écrans. Equinoxe 4 fut bien sûr un moment d’exception et Oxygène 2 s’est vu illustré par un travail de morphing très amusant sur le visage d’une sorte d’alien. Oxygène 12 a sans grande surprise été illustré par le film en noir et blanc auquel nous avons eu droit depuis l’Oxygène Tour. Pour finir, Jarre a dédié Oxygène 13 à Steve Jobs, le PDG d’Apple, présent ce soir-là.

Pour ce rendez-vous hors du commun, nous aurions pu nous attendre à une simple démonstration mais au lieu de cela nous avons eu droit à un véritable concert d’1 h 30 environ et de bonne qualité. Le côté expérimental de l’événement a inévitablement mis en relief quelques lacunes. La qualité du son dans le grand hall métallique n’était pas des meilleures et aux dires de certains, ce concert manquait d’âme. Mais la prouesse technique a bien eu lieu : les images étaient parfaites, plus qu’impressionantes. Le spectateur en a eu plein les yeux et a forcément eu le sentiment d’avoir vécu un moment unique.

Jean Michel Jarre nous a montré qu’il savait toujours nous surprendre et repousser les limites de la technologie au service du spectacle. Si ce concert marque une étape certaine dans sa carrière en ce qui concerne l’animation visuelle, il reste maintenant à voir ce qu’il fera à l’avenir du procédé qu’il a inauguré. Nul doute que les possibilités de création multimédia s’en trouvent décuplées. Malgré les contraintes imposées, ce spectacle était sûrement une première mais probablement pas une dernière.

  Nathalie Huebner et Frédéric Esnault
 
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(Extrait d'Oxygene nr 4, Avril 1999)

(extrait d'Oxygène n° 4, avril 1999)

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En 1997, Jean Michel Jarre fils publication douzième album Oxygene 7-13 et ce disque HNE à Dédié Pierre Schaeffer, le fils de «maître». MAIS, au juste, Qui etait Pierre Schaeffer?

Curieux also Québec CELA puisse paraître, Pierre Schaeffer, n'est Pas MAIS Musicien polytechnicien acousticien et de métier. Ingenieur Comme il entrepre au Sein du fils du Service de la recherche de l'Office de Radiodiffusion Télévision Française de la (ORTF) en 1934.


http://oxygenejmj.free.fr/magazine/images/schaeffer.gif  Sa Réflexion sur les Moyens radiophoniques et SES études sur les Composantes du fils, le conduisent à établir les bases de la musique concrète. Pionnier de la Radio et de la Communication, Ouvre la Voie iL Moyens des Modernes d'registration form, De la transmission de Diffusion ET Qui finissent Toucher pair TOUTES Musiques ERP. Les fils sont enregistrés, non plus les sur Disque MAIS sur bande magnetic, par l'ONU micro captés et diffuse par haut-parleurs au grand dam des instrumentistes. C'Est non tout neuf concept!En 1948, L'Année Où Jean-Michel Jarre Voit le jour, les reponsables de l'ORTF créent Le Centre d'expérimentation radiophonique, dit "Studio d'essai», qu'ils Confient et Pierre Schaeffer. Le Groupe de Recherche de Musique concrète (CRG) is né!D'emblée Pierre Schaeffer porte sur les fils Travail Composantes du fils (Exactement, plus le timbre) et fils d'Pouvoir decouvre Evocation. Il Qualifié de musique concrète sont par opposition à la musique dite Savant Écrite "abstrait". "Elle est constituée d'A PARTIR préexistants empruntés éléments d'un N'importe Quel matériel Sonora. "La Référence n'est plus les comédies musicales par la note Maïs Le Son et La première sortie de démonstration Théorie of this Est etude Bruits de (1948).
 
Jusqu'en 1958 il expérimentation DANS fils Centre d'essai avec Pierre Henry, Musicien de fils Etat, Qui Vient l'épauler. La Symphonie Pour Un Homme Seul (1950), l'œuvre de la commune, recoit des Nations Unies juge Satisfaisant accueil, MAIS Qui suivent oeuvres les Pins, Comme Orphée 53, le premier ministre à l'Opéra Concret Joué Donauschingen en Germany, n'eurent Pas le retentissement escompte.Restructuration de la CRG HNE le et le devient GRM (Groupe de Recherche Musicale) en 1958. Le Laboratoire GRM Est de l'ONU, Un Lieu de Formation interdisciplinaire, les Nations Unies centre d'expression et D'd'information OU Ont congé compensatoire De Multiples Cycles de Conférences DANS lesquelles excellait Pierre Schaeffer. Paradoxalement, sur y Trouve PEU Musiciens De plus de mathématiciens, de polytechniciens, de philosophes, etc., Ce Qui féra de Pierre Schaeffer dire Que HNE fils Préféré instrument ... «À la Règle calcul"! Une rentrée la 1969, GRM Le Compte seulement Deux Musiciens de la formation: Hélène Dreyfus et Jean-Michel Jarre.


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A partir de 1958, Pierre Schaeffer s'engage alors vers l'élaboration du Traité des Objets musicaux (1966), somme de ses expériences qui « rassemble et réalise une remarquable synthèse des questions de la perception auditive et des problèmes musicaux issus d'une utilisation musicienne des procédés de reproduction sonore », ainsi qu'un volumineux catalogue de sons, qu'il laisse à ses élèves le soin de « répertorier ». Dans cet ouvrage, Pierre Schaeffer remet en cause la note de musique en définissant « l'objet sonore » à partir des paramètres physiques du signal : la hauteur (du grave à l'aigu), la durée, l'intensité et le timbre (ou couleur).


Dans son travail, Pierre Schaeffer a néanmoins privilégié le montage des sons à la nécessité de les organiser enformes cohérentes ou à leurs déformations. Ses multiples Etudes dont les Etudes de bruits (1948) et les Etudes aux objets (1959) le prouvent puisque c'est une suite de sons non organisés, ce qui lui a valu le surnom de « faiseur de sons ». D’ailleurs, Jean Michel Jarre n'échappera pas non plus à cette étiquette ; pourtant, son succès réside précisément dans une organisation cohérente des sons qui ont donné les mélodies que nous connaissons.
 C’est dans cette logique qui consiste à privilégier le son que Schaeffer affirme :
« Tout son est musique, dès lors qu'il est organisé par l'homme. »

 Par la suite, la plupart de ses élèves ou collaborateurs ont changé de voie, de méthode, ou n'ont plus fait parler d'eux... L'insuffisance de la formation musicale de Pierre Schaeffer, bien qu'elle lui ait permis de prendre du recul, d'être objectif vis-à-vis de son travail sur le son, peut être une raison et « il est alors clair que la musique électronique produisant elle-même son matériau et pouvant se livrer sur lui aux opérations les plus précises, a un domaine autrement plus large et constitue un outil autrement plus sûr que la musique concrète. »
(Une histoire de la musique des origines à nos jours, Lucien Rebatet, Robert Laffont, 1985)

L'apparition des premiers synthétiseurs Moog créés par Robert Moog dès 1965 (Etats-Unis) sur lesquels on peut créer, déformer et reconstituer les sons confirme cette tendance. Le GRM en acquiert, ainsi que des EMS VCS 3 de Peter Zinovieff (1967, Grande Bretagne) et Jean Michel Jarre se fera la main dessus durant son passage.
Mais c'est surtout de l'autre côté du Rhin, au studio de musique électronique de Cologne dirigé par Karl Heinz Stockhausen, et au studio de la radio de Cologne (WDR) dirigé par Herbert Heinert que profite la naissance des premiers instruments électroniques : c’est là-bas que les premiers sons synthétiques, jamais entendus auparavant, sont fabriqués à partir des oscillateurs et générateurs de fréquences de ces appareils.

C'est le début de la musique électronique proprement "dite", inventée par Heinert (1950). La première œuvre de ce nouveau courant sera Le chant des adolescents de Stockhausen (1956). Par la suite, l'école allemande fera bien parler d'elle jusqu’au début des années 70 et influencera la musique contemporaine et des musiciens tels que Kraftwerk, Klaus Schulze, Tangerine Dream, Can, Popol Vùh.. pour les plus connus. Le rock progressif,  la dance et la techno actuelle sont des genres issus de cette mouvance.  Pourtant, les deux écoles, Allemagne et France, s'affrontent : l'influence de Pierre Schaeffer dans les arts sonores technologiques se vit au quotidien. Son apport est primordial car il a été le premier à étudier les phénomènes de communication, du moins sa perception, en posant comme simple question : « Comment passe-t-on du sonore au musical ? »

L'impulsion provient de l'expérience du « sillon fermé » d'un disque rayé. En 1951, lorsque le magnétophone à bande vient remplacer le tourne-disques, la technique du sillon fermé se transforme en procédé de la boucle. Le montage des sons s'en trouve facilité (en attendant le « sampling »), avec ruban adhésif et ciseaux, mais au prix d'opérations manuelles tout de même fastidieuses. C'est la fameuse technique de collage que Jean Michel Jarre utilise encore dans ses oeuvres. Il l'a lui-même perfectionnée en 1972 lorsqu'il crée un système à base de bandes magnétiques dont certaines feront jusqu'à 25 mètres. Les boucles sans fin permettent la création de climats irréels jusqu'alors inexplorés, omniprésents dans les travaux de Jean Michel Jarre. En fait, les travaux de défrichage de Schaeffer d'un côté, de Stockhausen de l'autre, conduisent à l’avènement de la musique électroacoustique qui utilise indifféremment dans une même réalisation les deux types de sources : concrète et électronique. Le format traditionnel du concert est modifié de part les procédés de diffusion : d'une part le micro, une musique interprétée en direct, d'autre part une musique enregistrée et diffusée en « play-back » pour d’un côté privilégier la performance du musicien et de l’autre favoriser l'écoute par un son amélioré. A l'époque, puisque l’orchestre semble menacé, les critiques pleuvent.

 La musique électroacoustique fait néanmoins son entrée au Conservatoire de Musique de Paris. A la rentrée 68, en effet, Pierre Schaeffer se voit confier au conservatoire une « classe de musique électroacoustique fondamentale et appliquée à l'audio-visuel », aussi particulière que son nom, couplée avec un stage au GRM, un cursus suivi par Jean Michel Jarre qui entre dans le groupe en janvier 69. Il y restera deux ans et le morceau Happiness is a sad song constitue en principe le travail qu'il a présenté pour « sanctionner » la fin de son stage au GRM. Pierre Schaeffer dirigera cette classe jusqu'en 1980 mais à partir de 1966, il a pris ses distances avec la recherche musicale et le GRM, assurant la partie théorique de l'enseignement, par des séries de conférences, et laissant la pratique à François Bayle, l'un de ses disciples. En 1971, il laisse la direction du GRM (rattaché à l'INA après la réforme de l'audio-visuel et de l'ORTF en 74), à ce dernier qui y officie encore aujourd'hui.

 Ayant ouvert la voie de la recherche musicale, il se consacre alors à l'étude des mécanismes de la communication au CNRS sous l'égide de l'UNESCO et au haut conseil de l'audio-visuel. Toutes les activités exercées par Pierre Schaeffer prennent place autour des phénomènes de communication : son influence s’est étendue à la radio, bien sûr, mais également à la télévision. « Les Shadocks », œuvre déstabilisatrice d’un créateur longtemps hébergé au service de la recherche, Jean Rouxel, ça ne vous dit rien ? C’est Pierre Scchaeffer lui-même qui en a obtenu la programmation à la télévision en 1968. La musique de Robert Cohen-Solal est certainement l’œuvre électroacoustique la plus célèbre à ce jour, du moins l’une des toutes premières.

 Le travail de Jean Michel Jarre aujourd'hui est quelque part le prolongement des travaux de Pierre Schaeffer, à travers notamment la technique du sampling, car il s'est attaché par la musique à communiquer avec le plus grand nombre, il a participé à la création, la conception et la réalisation d'instruments pour créer des sons nouveaux, améliorer la perception des sons et leurs conférer ce pouvoir évocateur, dont parlait Pierre Schaeffer, et qu'il revendique aujourd'hui.

Sans Pierre Schaeffer, il n'y aurait peut-être pas eu de musique moderne ! En tout cas, elle ne serait sûrement pas ce qu’elle est aujourd’hui...

Olivier Saincourt
 

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(extrait d'Oxygène n° 4, avril 1999)


(extrait d'Oxygène n° 5,Décembre 1999)




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Alors que l’utilisation des synthétiseurs restait encore marginale au moment d’Oxygène et d’Equinoxe, au début des années 80, la banalisation de la synthèse analogique se fait ressentir. Jean Michel Jarre trouve alors que le synthé et ses sons « à la Goldorak » est devenu une « espèce d’enivreur sonore ». Pour s’éloigner de ce cliché, il va d’abord créer l’épisode de la vente aux enchères de Musique pour Supermarché puis l’album Zoolook avec comme concept de base l’échantillonnage.

            
A cette époque, l’échantillonnage (sampling en anglais) est très peu utilisé, Zoolook deviendra donc d’emblée une musique hors-normes aussi bien pour l’idée de départ que pour le résultat obtenu. Avec cet album, Jarre part explorer le plus ancien son créé par l’homme : la voix. Il enregistre les paroles de toutes sortes d’individus, venus d’ethnies éloignées, du journal télé ou de son entourage. Cette approche de la musique par l’échantillonnage de sons peut paraître triviale à notre époque où les samplers sont devenus plus performants et plus abordables. Mais le travail sur les sons réalisé par Jean Michel Jarre est resté unique tellement il est précis et inspiré. Le musicien ne s’est pas contenté de piller des paroles de chansons, il a sélectionné et modifié des sons pour les plier à sa volonté artistique.
Par rapport aux albums précédents, Jean Michel Jarre innove aussi en utilisant des instruments plus traditionnels. Comme pour du rock, on retrouve guitare, basse et batterie : maintenant que le synthétiseur a bien pris sa place dans les groupes pop, pourquoi ne pas utiliser leurs instruments habituels à d’autres fins ? Pour jouer avec lui, Jarre s’entoure de musiciens mais pas n’importe lesquels. Adrian Belew à la guitare a joué pour David Bowie, Yogi Horton à la batterie a participé aux disques d’Aretha Franklin et George Benson, et Marcus Miller a joué avec Miles Davis. Ces artistes aux horizons différents accentuent le mélange des genres que représente Zoolook. Mais l’album bénéficie également  d’un petit  groupe de choristes et d’une interprète vocale d’exception : Laurie Anderson. Sa voix apparaît, non traitée, au milieu des échantillons.
            

Jean Michel Jarre n’a quand même pas abandonné les synthétiseurs. Il s’en sert d’abord pour traiter les voix qu’il a enregistrées : Zoolook contient beaucoup moins de sons de pure synthèse mais obéit toujours à ce souci d’obtenir des sons inédits. Pour cela, le musicien utilise principalement le Fairlight, un appareil révolutionnaire à l’époque. Cet instrument est sans doute la clé de voûte de l’album : Jean-Michel en a fait l’acquisition au début des années 80 et c’est la machine dont il rêvait peut-être déjà lorsqu’il était au GRM et qu’il s’amusait à découper des sons sur bandes magnétiques... Avec ce nouveau système, Jarre inflige différentes transformations aux échantillons vocaux : il les étire, les inverse, les découpe en mots, syllabes ou phonèmes. Jarre emploie aussi d’autres synthétiseurs, quelques analogiques ou le tout nouveau DX7 avec son principe de synthèse par modulation de fréquence. Pour le seconder, il fait appel à Michel Geiss bien sûr, mais aussi à Frédérick Rousseau qui l’avait accompagné lors des concerts en Chine.
Le mélange des genres et de sons d’origines diverses font de Zoolook une musique littéralement étrange et atypique. On y découvre le paradoxe de sons au goût synthétique mais familier : on se retrouve plongé dans de folles conversations incompréhensibles. En composant Zoolook, Jean Michel Jarre quitte ainsi l’abstraction pour se tourner vers l’homme dans sa diversité pluri-éthnique. Cette musique est aussi l’aboutissement d’un travail de longue haleine puisque certains passages sont l’ultime perfectionnement d’extraits de Musique pour Supermarché. Ethnicolor est le premier morceau de l’album, album qui est finalement divisé en musiques indépendantes reprises chacune sous un titre différent, ce qui change un peu l’habitude prise depuis Oxygène. Le titre « Ethnicolor » annonce bien la couleur ethnique de ce qui va suivre. Ce morceau débute par un cri fascinant, comme le bâillement de l’humanité en éveil. Puis des voix s’élèvent doucement sur un accompagnement lent. Les voix synthétiques se répondent et s’organisent. Denouvelles voix sortent alors du silence, s’agitent et s’ajoutent sur un rythme qui s’accélère. On entre alors dans un finale fascinant qui met en jeu la batterie et la basse. La musique devient complexe et puissante comme si on assistait au progrès de la civilisation, mêlant toutes les voix du monde.
Le deuxième morceau s’intitule Diva et est en fait une reprise de l’album Musiquepour Supermarché. Cette nouvelle version bénéficie de la voix de la chanteuse LaurieAnderson qui chuchote des sons aux oreilles de l’auditeur. La musique suit ici un modèle proche de celui d’Ethnicolor : le début, très calme, construit une atmosphère intime, la deuxième partie est plus rapide avec la batterie, la basse et la guitare électrique. Laurie Anderson continue à nous charmer avec sa voix de sirène au milieu d’autres voix étranges.


Zoolook est une musique beaucoup plus courte et plus rock. On assiste à une déferlante de sons vocaux ou de paroles instrumentales, on ne sait plus très bien. Le morceau est construit comme une chanson traditionnelle, avec couplets, refrain et des choeurs pour embellir l’ensemble, le tout sur une rythmique très appuyée. Ce morceau a été remixé en 1985 et cette version a remplacé la première sur l’album jusqu’en 1997, date à laquelle l’originale a finalement repris sa place. Avec Wooloomooloo, on entre dans l’atmosphère étrange d’une civilisation lointaine. La musique est plus simple, presque primitive.

Elle est lente, ponctuée par l’irruption de « wooloomooloos », transcription des paroles d’un aborigène australien. 

Zoolookologie est une musique des plus trépidantes où les sons s’entrechoquent et s’excitent sur un arrangement très rock lui aussi. Les voix subissent toutes sortes de convulsions tandis que le thème principal évolue avec une touche d’optimisme. On y entend à plusieurs reprises le propre nom de Jean Michel Jarre (cherchez bien !). C’est le deuxième morceau a avoir été remixé en 1985 mais on retrouve avec plaisir la version d’origine dans l’album remasterisé en 97.
Blah Blah Café, originaire lui aussi de Musique pour Supermarché, comporte moins de voix que les autres morceaux de l’album. Mais on assiste quand même à une discussion des plus énergiques entre un son aigu et un son grave. Les synthétiseur se répondent, s’échangent des mots pendant que derrière on sert l’apéritif... Cette musique est comme une peinture de l’ambiance des bars, lieux des rencontres éclectiques. L’album finit par Ethnicolor II, sorte de voyage dans l’ambiance impersonnelle et individualiste des supermarchés. Au milieu des bruits de caisses enregistreuses et decaddies, les appels plaintifs ont du mal à se faire entendre tandis qu’un gros son devioloncelle porte leur désarroi. Cette musique, lente et mélancolique, nous vient bien sûr de Musique pour Supermarché. A la toute fin de l’album, le bruit des pas d’une personne se dirige vers la sortie...
Zoolook sort en 1984 dans 40 pays. L’album recevra de nombreuses récompenses y compris aux Etats-Unis. En France, c’est le Grand Prix du Disque Français et la première Victoire de la Musique pour l’album instrumental de l’année. Pourtant le public met beaucoup de temps à accepter cet album si différent des précédents. Le succès viendra avec le temps car, au moment de sa sortie, Zoolook reste très en avancesur son époque et ses retombées sur le monde musical mettront plusieurs années à se manifester réellement. Il reste un album inégalé à ce jour.

 Maxime Esnault

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(extrait d'Oxygène n° 5, Décembre 1999)


La prise de La Concorde (Oxygène n° 5)


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 En janvier 1979, Jean Michel Jarre affirmait que sa musique n’était pas nécessairement faite pour être jouée en concert : « ce serait comme si on demandait à Kubrick de rejouer 2001 sur scène ». Pourtant, six mois plus tard, il réunit autour de cette musique plus d’un million de spectateurs. Un record. Après avoir produit Oxygène et Equinoxe,  Jean-Michel sait bien que créer une telle musique en direct est une tâche très délicate. Ses disques sont le fruit d’un long travail, de perfectionnements successifs. Comme un film ou une peinture, le disque est une œuvre aboutie qui se suffit à elle-même. Dans le processus de création, la partition n’en est que l’ébauche. Vouloir l’interpréter de manière traditionnelle n’aurait qu’un intérêt limité car ce serait renoncer à tout ce qui a motivé cette musique.
Pourtant, l’approche « live » est tentante pour tout musicien, et d’ordinaire, un passage obligé. Jean Michel Jarre peut-il échapper à la règle ? Peut-il se contenter de produire des disques ?
Non, cette musique, mûrie pour une large audience afin de rompre avec toute forme d’élitisme doit forcément aller au contact du public. Alors Jarre, coqueluche des médias à cette époque, décide de se jeter à l’eau. Il va donner ce concert tant attendu. Mais il reste bien conscient de la difficulté de recréer Oxygène et Equinoxe en direct. Impossible de rejouer toutes les parties à la fois. Impossible aussi de changer les réglages des synthétiseurs d’un morceau à l’autre, eux qui ne sont pas encore doués de mémoire... Seule solution : faire écouter des enregistrements, une musique préparée à l’avance. Mais dans ce cas, où se situe l’intérêt pour les gens qui peuvent écouter les disques chez eux dans de bonnes conditions ? Il faut nécessairement donner plus, proposer des choses à voir, des choses à vivre...

 Jean-Michel s’inspire du principe du son et lumière. Peut-être se souvient-il de celui qu’il avait vu à Chambord, à peine âgé de quatre ans, sur la musique de son père. Ca avait été sa première émotion musicale. Alors, tout naturellement, le premier concert de Jean Michel Jarre est une mise en scène en plein air, conçue pour être un événement unique, pour que la musique soit vécue au delà de ce qu’elle est habituellement. Reste à trouver le lieu. Ce sera la Place de la Concorde à Paris, un lieu urbain, un lieu historique et symbolique. Rien que ce choix assure l’originalité de l’événement. C’est surtout un endroit propre au rassemblement. Mais il s’apparente également à une grande toile blanche ouverte sur 360 degrés, un lieu idéal pour l’expérimentation. Cette idée de concert dans un tel lieu provoque mille réactions, d’autant plus qu’on apprend qu’il aura lieu le 14 juillet. On qualifie aussitôt Jean Michel Jarre de provocateur mégalo et ce n’est peut-être pas sans raison... Malgré tout, personne ne soupçonne les véritables intentions de l’artiste, un mystère qui va abuser de la patience de ceux qui vénèrent sa musique et qui va fortement exciter la curiosité des autres.

Mais organiser cette fête de rue n’est pas une mince affaire. L’immense détermination de Jean-Michel et de Francis Dreyfus permettra au projet de voir le jour malgré les nombreux obstacles. Il faut d’abord trouver le financement, puis obtenir les différentes autorisations : « commençait alors pour moi, une autre quête que celle de l’inspiration, la quête des autorisations, le graal bureaucratique qui encore aujourd’hui est la clef d’insondables jouissances », car la Ville de Paris, le Service des Eaux, les Beaux-Arts, le Ministère de la Défense pour les façades de la Marine, et les Monuments Historiques sont concernés. Il faut aussi trouver les meilleurs techniciens. Jean-Michel veut que ce soit beau, grandiose et stupéfiant. Pour cela, il souhaite offrir aux spectateurs des éléments visuels capables de l’émerveiller tout autant que la musique. Mais il est également nécessaire de préparer un dispositif de sécurité. Celui-ci sera assuré par 120 secouristes, 16 ambulances et un bon nombre de policiers.
Enfin, il faut concevoir le spectacle et coordonner l’ensemble. Jean-Michel s’occupe de tout avec son perfectionnisme légendaire. Quelques jours avant le jour J - le jour Jarre évidemment - c’est Jean-Michel lui-même qui, comme un prof à ses élèves, explique aux policiers le dispositif : « J’étais assez impressionné. Une grande carte de la Place de la Concorde était tendue sur le mur. J’indiquais aux policiers très attentifs comment j’avais conçu mon affaire... ».
A la vue des installations, les gens comprennent que le soir de ce 14 juillet ne sera sûrement pas comme les autres. 350 techniciens s’activent. On trouve des haut-parleurs sur les toits et dans les arbres sur la longueur des Champs Elysées. Des projecteurs d’images sont braqués sur les façades. On introduit une gélatine colorée dans les réverbères pour leur donner une teinte bleue, blanche ou rouge. On change aussi les conduites d’eau des fontaines pour synchroniser les jets d’eau à la musique tandis que le terroriste-artificier Daniel Azancot pose ses bombes dans les jardins publics...

La scène est installée, juste devant l’Obélisque, par les Pompes funèbres de Paris ! L’emplacement est le meilleur pour que tout le monde puisse voir Jean-Michel Jarre. On prévoit alors quelques dizaines de milliers de spectateurs, une estimation qui permet de fixer avec la police l’importance des mesures de sécurité et la longueur des barrières. Les personnalités seront installées aux premières loges entre l’Obélisque et la rue Royale. La volonté de Jarre d’associer un formidable spectacle visuel à l’émerveillement musical se concrétise : on projettera des images et des lasers sur les façades des bâtiments qui bordent la place. Jean-Michel orne la scène d’une garniture très riche en matériel électronique. Il apporte d’abord ses instruments, emprunte également quelques KORG à un certain Francis Rimbert. Il dispose aussi d’une grande table de mixage. Il faut entasser tout cela sur une petite scène et couronner le tout d’une brochette de spots lumineux. La scène ressemble alors à un château fort électronique.


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 Le 14 juillet 1979 est réellement une fête nationale. Celle-ci débute comme tous les ans par le traditionnel défilé, mais finit de façon inhabituelle : 190 ans après la prise de la Bastille, Jarre s’engage dans la prise de la Concorde ! L’Obélisque, c’est peut-être peu de chose, mais l’événement restera un symbole qui marquera aussi les débuts d’une Révolution. Dix-huit heures. Les gens se pressent vers la scène devenue bulle de plastique à cause de la pluie. Rapidement, ceux qui s’étaient installés confortablement sont obligés de plier bagages et sont absorbés par la foule,  une foule immense qui s’entasse à perte de vue et qui angoisse terriblement les services de sécurité. Il est à peine dix-neuf heures lorsqu’Europe 1 donne une première estimation du nombre de présents : « quatre cent mille personnes se bousculent déjà Place de la Concorde pour applaudir ce soir Jean Michel Jarre... ». Non seulement les gens s’agglutinent par milliers, mais l’excitation est à son comble. On est obligé de fermer trois stations de métro et l’on ne compte plus les voitures écrasées par le public...
Dans la journée, on avait pu voir les petits David et Emilie Jarre « vérifier » le bon fonctionnement du matériel, un casque sur les oreilles et l’air attentif... Maintenant, on aperçoit Charlotte et Jean-Michel réfugiés dans leur donjon. Ils sont comme sur une île perdue au milieu de la marée humaine et leur seul moyen de communiquer avec l’extérieur reste le talkie-walkie. La foule est si dense que le Préfet de Police ne parvient pas à rejoindre sa place. De colère, il quitte sa voiture, son chauffeur et tente d’avancer seul. Il devra passer par les égouts pour achever ce parcours du combattant et profiter du spectacle !

 Le début du concert est imminent. On annonce à la télévision que plus d’un million de spectateurs sont entassés autour de la Place de la Concorde. Les Champs Elysées sont complètement submergés. Puis, la télévision réduit subitement son estimation à cent mille spectateurs : le Président de la République n’a réuni que cinquante mille personnes pour le traditionnel défilé, il ne faudrait pas que la différence soit trop grande. Jean Michel Jarre monte définitivement sur scène et ressent une énorme pression. C’est le trac : « Quand je suis monté sur scène, derrière mes synthétiseurs, j’ai eu un choc. J’ai même eu peur tellement les gens poussaient, les yeux fixés sur moi. Un million de personnes qui vous entourent comme un océan, je n’avais jamais connu cela. Les rues grossissaient. J’ai eu un moment de panique... De la scène, je ne voyais que du noir à perte de vue, l’immensité du public. Avec le public, ça a été un rush plus qu’un contact réel. » Pour aider les gens à le distinguer derrière les claviers (on en trouve une bonne quinzaine sur la scène), Jean-Michel a revêtu une tunique argentée qui lui donne une allure de messager du son et de la lumière venu d’une planète où la technique adore l’art et lui rend hommage pour le bonheur de tous.
Le spectacle commence. Les oreilles de chacun se dressent, Jean-Michel les bombarde de sons merveilleux qui reconstruisent un à un une musique que l’on croyait connaître. En outre, les yeux n’envient pas les oreilles : la musique de Jean Michel Jarre désormais en version visuelle ! Images géantes, lumières aux multiples couleurs, lasers, effets faisceaux, boules, jets d’eau et feux d’artifice sont parfaitement synchronisés à la musique. Jean-Michel est penché sur ses machines infernales. Il n’a pas une seconde de répit. Il doit jouer sur les claviers, régler les synthétiseurs, mixer et diriger le spectacle en même temps. « Le centre de Paris était mon jouet, ce soir-là. C’était une sensation extraordinaire. J’appuyais sur des boutons, je laissais mes mains courir sur le clavier et tel monument s’éclairait, tel autre rejoignait les ténèbres ». Les spectateurs explosent de joie et d’étonnement.
Ceux qui ne s’en étaient pas rendu compte, admettent l’évidence : Jarre n’a pas fini de faire parler de lui...
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Le concert se base comme prévu sur Oxygène et Equinoxe. De ce point de vue, il y a peu de surprises, sauf lorsque Jean-Michel s’amuse à improviser un petit solo à la fin d’un ou deux morceaux. Pour le visuel, c’est une grande première : aucun concert jusqu’ici n’avait été illustré de cette manière. Les façades des bâtiments reçoivent beaucoup d’images de la Révolution Française, mais pas seulement. On découvre aussi des images plus contemporaines, de la foule, de personnages célèbres et beaucoup d’animaux. Et toutes ces illustrations viennent accompagner la musique comme ça ne s’était jamais vu. Pour Equinoxe 3, par exemple, on commence par des images joyeuses de la Révolution mais la partie finale est illustrée par les guerres, les massacres et la fameuse guillotine... N’oublions pas que Jean-Michel trône alors à l’endroit exact où celle-ci se dressait à l’époque !
La Préfecture confirmera le lendemain ce qu’il est impossible de cacher : le nombre des spectateurs a certainement dépassé le million. Aucun accident ne s’est produit, on compte seulement deux crises cardiaques et sept accouchements, ce qui est normal pour une si grande population. Il aura fallu cinq heures au public pour quitter les lieux. Le monde entier a suivi l’événement, car en plus du million de spectateurs, cent millions de paires d’yeux se sont tournées vers les tubes cathodiques pour apprécier la retransmission du concert. Même les Japonais l’ont découvert, à huit heures du matin.
Jean Michel Jarre a fait de l’idée de concert une sublimation du son et lumière. On savait que sa musique était extraordinaire, il s’en sert maintenant pour créer des événements uniques : « ce spectacle est la réalisation de l’un de mes rêves : renouer avec la vieille tradition populaire de la fête musicale libre et gratuite ». Il a réussi son pari, interpréter sa musique en extérieur et l’accompagner d’une mise en scène visuelle adaptée. Le succès est total : Jean Michel Jarre a mis un million de personnes en extase ! Une réception est organisée à l’Espace Cardin le lendemain du Concert. Jean-Michel y rencontre les spectateurs de renom. Parmi eux, Mick Jagger qui avait gardé la barbe pour rester anonyme dans le flot de spectateurs, a tenu à rencontrer Jean Michel Jarre personnellement pour lui dire, un peu écoeuré peut-être mais admiratif : « I’ve never seen that in my life » (« Je n’ai jamais vu cela de ma vie »).
Jean-Michel repassera en voiture sur les lieux du concert et verra l’étendue du désastre : des dizaines d’objets abandonnés jonchent les pavés comme des victimes sur un champ de bataille, pour prouver que cette nuit-là, il a remporté une victoire écrasante, presque cruelle. Dans les six semaines qui suivront, Jean Michel Jarre vendra huit cent mille albums.

Frédéric Esnault

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(Extrait d'Oxygène n ° 5, Décembre 1999)