02/03/2013

Jean-Michel Jarre écolo de la première heure

11 septembre 2010


MARNE. Jean-Michel Jarre n'a jamais suivi la mode. Ecolo avant l'heure, l'artiste  a bien du mal  avec les « écolos-businessmen… » médiatiques. Rencontre hier  à Reims avec un homme entier.

AVEC « Oxygène » en 1977, un album vendu à plus de 18 millions d'exemplaires à travers le monde, on vous a présenté comme le précurseur de l'électro. On aurait pu aussi dire celui de l'engagement écolo. 33 ans après, vous avez d'ailleurs fait des émules sur ce sujet…

Je suis content de voir des gens se préoccuper aujourd'hui de cette question. Mais je dois avouer que cela m'énerve un peu d'entendre tous ces écolos-businessmen qui jouent sur la fibre anxiogène. Il faut arrêter de faire des grandes leçons de morale et être plus concret. On subit trop la loi de l'écolo-marketing avec des gens qui, pour la plupart, arrivent un peu comme les résistants de la dernière heure.

Le problème est pourtant bien là. Vous êtes d'ailleurs ambassadeur de l'Unesco et agissez dans des programmes pour l'environnement, l'éducation, l'eau…

L'idée est de faire des choses utiles, pas d'avancer de grandes théories de façon dogmatique comme certains le font. Lors de mes concerts par exemple, j'ai réduit le nombre de camions pour le transport. On a fait fabriquer des lampes qui consomment moins de 100 watts là où il y a 6-7 ans les projecteurs consommaient 5 à 10 000 watts pour quasiment le même rendu. Je trouve cette réflexion plus pertinente que certains groupes qui demandent à leur fan de venir à vélo et en sandales à leurs concerts et qui dans le même temps se déplacent eux en jet privé !!!

Lors de vos concerts vous faites également passer un message écolo.

J'ai dans mon programme une double-page centrale qui présente le travail de l'Unesco sur le terrain. Cet organisme fait peu parler de lui alors qu'il réalise des choses formidables. On a d'autres associations qui font au contraire beaucoup parler d'elles mais qui en font beaucoup moins sur le terrain.

Vous êtes en concert dans un peu plus de deux mois à Epernay… Il est rare de voir un artiste venir préparer autant en amont un concert. Pourquoi ?

C'est sans doute un peu par déformation avec les concerts que je donne en extérieur et pour lesquels il faut venir avant en repérage ! J'aime bien tout vérifier, voir les lieux.

Vous n'aviez jamais eu l'occasion de vous produire dans la région ?

Non. En fait, si… Ce ne sera pas tout à fait une première. Je suis venu au tout début de ma carrière, quand j'étais étudiant au sein du Groupement de recherche musicale de Pierre Schaeffer. Il y avait à la maison de la culture de Reims un festival de musique contemporaine pour lequel j'avais même créé un morceau qui s'appelait « Happyness is a sad song ». J'étais très fier du titre !

Vous avez joué dans des lieux assez grandioses à traversle monde comme les Pyramides, la place Rouge, la Cité interdite… N'est-ce pas frustrant de faire une tournée dans des « petites » salles ?

C'est totalement différent. L'idée est d'apporter la magie des concerts extérieurs dans un espace plus contrôlé, qui est même plus pertinent pour le son.

On n'a pas à se soucier du vent, des conditions météorologiques. Cela me permet de proposer un spectacle de deux heures et demie dans lequel les gens entrent et perdre toute notion d'échelle grâce à des jeux de lumières, d'effet, d'écrans. J'essaye à chaque fois de concevoir un spectacle unique.

Quel regard portez-vous sur la jeune génération électro dont le Rémois Yuksek est un des leaders ?

J'ai beaucoup d'affection pour eux. On est de la même famille. J'aime beaucoup ce que font Sébastien Tellier, Vitalic et Yuksek. Il a, lui, un monde à part qui est intéressant. Cette diversité dans les artistes montre que la musique électronique dépasse largement le cadre des dancefloors dans lequel on a voulu un moment l'enfermer.

Après avoir tout connu, qu'est ce qui vous motive encore ?

Le propre d'un artiste c'est de toujours chercher à s'améliorer. Je n'ai jamais cherché à suivre une mode. Quand Oxygène est sorti, on était en pleine période disco et punk… En ce moment je travaille sur un nouveau concept de chaîne hi-fi. Depuis des années on a privilégié le côté nomade de la musique et négligé la qualité de l'écoute. J'ai réfléchi à un nouveau sound système, sous forme de colonne, qui redonne toute sa place à la musique.

Et un nouvel album ?

Je devais le sortir en 2010 mais j'ai eu une période assez sombre avec la mort de mon père, de ma mère. Le nouvel album devrait finalement sortir l'année prochaine.


Propos recueillis par Grégoire AMIR-TAHMASSEB

                   Jean-Michel Jarre, dans les jardins des Crayères à Reims.



Source: lunion.presse.fr

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