Après s'être lancé un nouveau défi avec la
tournée Oxygène Tour, sa première tournée en
salle, Jean Michel Jarre est revenu à ses premières amours
et nous a offert le 6 septembre dernier l'un de ses concerts d'un soir
dont il a le secret et qui ont fait sa renommée internationale.
Ce spectacle est considéré comme l'un des plus impressionnants
jamais conçu par Jean Michel Jarre et a attiré près
de 3,5 millions de spectateurs !
La fin du suspense
C'est
le 19 août dernier, lors d'une conférence internationale à
Moscou, en présence de toute la presse et du maire de la ville,
Youri Loujkov, que Jean Michel Jarre a officialisé la rumeur qui
circulait depuis déjà quelques mois chez les fans : après
Paris en 95, Moscou allait être à son tour le théâtre
d'un méga-concert en extérieur. Ce concert s'inscrivait dans
le cadre des festivités célébrant le 850ème
anniversaire de la ville, et venait concrétiser une commande du
maire de Moscou, louant les qualités de Jean Michel Jarre, «
reconnues dans le monde entier » ainsi que sa musique, qui prodigue
un sentiment « de joie et de philosophie ». Jean Michel Jarre
s'est estimé « très honoré » d'avoir reçu
une telle commande, et comptait bien « réaliser un de ses
plus ambitieux projets et un vieux rêve », en jouant dans le
pays natal de son arrière grand-père. Jean Michel Jarre ne
souhaitait pas réaliser un « son et lumière historique
et didactique » mais son but avoué était de «
faire un concert qui soit à la fois un événement civique,
ludique et commémoratif », en impliquant les artistes locaux.
Le maire de Moscou attendait de cet événement grandiose et
sans précédent, véritable clé de voûte
des festivités, qu'il attire un grand nombre de visiteurs, faisant
ainsi de Moscou le centre du monde pendant la semaine de célébration
qui devait également voir se produire Lucciano Pavarroti et David
Copperfield.
Le site du piratage
Le
spectacle s'est déroulé au pied de l'Université de
Moscou. Cette Université, fondée en 1755 par Lomonosov, est
l'une des plus anciennes de Russie et l'un des plus grands centres de recherche
sur le plan mondial. Son bâtiment central, au pied duquel la scène
a été installée, fut construit dans les années
50 sur ordre de Staline, dans le cadre du plan de reconstruction de la
ville après la Seconde Guerre Mondiale. Ses architectes, Roudnev,
Chernyshev, Abrosimov, Khrykov et Nasonov conçurent un bâtiment
majestueux composé d'une tour principale de 36 étages atteignant
240 mètres de haut (l'une des plus grandes d'Europe à l'époque
après notre Tour Eiffel) au sommet de laquelle fut placée
une étoile russe de 9 mètres de haut, pesant 12 tonnes, et
de 4 ailes immenses dont on dit qu'elles possèdent plus de 30 kilomètres
de couloirs, chacune étant flanquée de deux petites tours.
L'ensemble architectural dépasse ainsi les 400 mètres de
longueur. Au pied de la grande tour, une immense allée de plus d'un
kilomètre entourée d'arbres, ressemblant beaucoup au Champ
de Mars, invite les étudiants à la détente. Cet ensemble
conçu dans le pur style stalinien se dresse majestueusement sur
le Mont des Moineaux, un groupe de hautes collines dominant Moscou et situé
dans le sud-ouest de la ville. L'Université est visible du centre
de Moscou, et de la plupart des autres quartiers. Bref, toute la ville
peut profiter du spectacle le moment venu !
Avant le spectacle
Deux jours après la conférence de presse à Moscou,
Jean-Michel et les musiciens commençaient les répétitions
dans la banlieue parisienne. Les musiciens étaient, bien sûr,
ceux qui jouaient sur scène avec Jean-Michel durant la tournée
Oxygène Tour : Francis Rimbert, Dominique Perrier, Laurent Faucheux,
Dominique Mahut et Christophe Papendieck. Il s'agissait alors essentiellement
pour eux de retrouver leurs marques après les deux mois d'arrêt
de la tournée. Pendant ce temps, les équipes techniques s'occupaient
de construire la scène sur place, de mettre en place les éclairages,
les projecteurs, les poursuites, les feux d'artifice et une foule d'autres
surprises... Les répétitions parisiennes se terminèrent
quelques jours plus tard, et le 1er septembre, toute l'équipe des
musiciens accompagnait Jean-Michel à Moscou pour commencer les répétitions
finales « in situ », qui eurent lieu tous les soirs jusqu'au
jour J (et déclenchèrent des concerts d'alarmes automobiles
dans le périmètre du site tant les basses étaient
fortes !) afin de régler les projections et les feux d'artifices.
Le jour J
Le grand jour arrive enfin pour les Moscovites et les nombreux fans,
qui vont vivre un moment inoubliable. La foule s'amasse depuis le début
de l'après-midi devant la scène. Celle-ci, gigantesque, est
très similaire à celle utilisée au Concert pour la
Tolérance et placée juste au pied de la tour principale de
l'Université, devant de grandes colonnades. Cependant, cette scène
possède un plafond ainsi qu'un mur de fond mobile constitué
d'écrans. Il est facile d'apercevoir sur scène tout le matériel
utilisé pendant la tournée Oxygène Tour, tant pour
les synthétiseurs que pour les jeux de lumières et éclairages
(les néons mobiles, les scanners programmables, etc).
Entre la scène et les crash-barriers pour le public, un vaste
espace, où des sièges ont été installés,
a été réservé pour les invités de la
mairie de Moscou et les militaires de la capitale, qui seront ainsi aux
premières loges. Le maire de Moscou attend en effet près
de 5 000 invités, parmi lesquels tous les représentants des
plus grands pays du monde.
Dans
le parc, des équipes de sécurité patrouillent constamment
(plus de 2700 hommes et maîtres-chiens), et l'on peut trouver de
nombreux stands de boissons ou de nourriture, des barbecues. La mairie
de Moscou a vraiment pensé à tout, même des toilettes
mobiles ont été installées à intervalles réguliers
sur tout le site !
Vers 15 heures, l'équipe technique teste une dernière
fois le système de sonorisation, puis les dernières répétitions
commencent. Enfin, on peut entendre En attendant Cousteau repris par toute
la sonorisation, signe qu'il ne reste plus qu'à attendre patiemment
le compte à rebours final. Petit à petit, le jour commence
à baisser, la foule à se masser et bientôt le maire
de Moscou lui présente Jean Michel Jarre, le « compositeur
du XXIème siécle ».
Pendant ce temps, tous les regards se dirigent vers le ciel : un immense
vrombissement se fait entendre. Quatre Sukoï 27, les avions de chasse
dernier cri de l'armée russe survolent le site en formation diamant.
La sonorisation retransmet alors les ordres radio du leader de la formation,
pendant que sur les écrans sont projetées des images de cette
patrouille. Le maire demande d'acclamer les pilotes, et, enthousiaste,
la foule accueille ce passage dans une grande clameur. Les chasseurs s'inclinent
alors sur l'aile et entament un large virage afin de survoler une nouvelle
fois le site de l'Université. Le suspense est intense car
personne ne sait vraiment comment le concert va débuter... Lorsque
les avions se rapprochent, le maire lance le compte à rebours :
« Cinq... Quatre... Trois ». La tension est à son comble,
la foule est très excitée. « Deux... Un... Zéro
!! ». Une grande clameur d'émerveillement vient accueillir
le zéro du décompte : à ce moment précis, les
avions ont largué des feux d'artifices à la verticale du
site avant de se séparer en éclatant leur formation !
Cette ouverture grandiose est le signal pour Jean-Michel et ses musiciens
: il est 20h40 et les premières notes de Rendez-Vous 2 s'élancent
dans les airs, pendant que l'Université, le ciel et la scène
s'illuminent et que les feux d'artifice redoublent d'intensité,
sous les yeux ébahis de la foule. Sur scène, Jean-Michel
et ses musiciens sont rejoints par un petit orchestre de cuivres. La façade
de l'Université est utilisée comme écran géant
et les projections, toutes plus belles les unes que les autres, s'y succèdent,
entièrement synchronisées à la musique : on voit défiler
des poupées russes, des icônes orthodoxes, des cosmonautes,
des images des dirigeants russes du passé et du présent...
La troisième partie du morceau est bien sûr jouée par
Jean-Michel à la harpe laser, qui fonctionne à merveille
et dont les faisceaux vont se perdre dans la nuit moscovite au dessus de
la foule. A la fin du morceau, Jean-Michel prend un micro, s'avance et
salue le public.
Ses paroles sont traduites simultanément par un interprète,
et la foule, attentive, se tait et écoute. Jean-Michel, coiffé
d'un béret noir orné d'une étoile, vêtu d'un
pantalon de cuir noir et d'une veste imitation crocodile alors que tous
les musiciens ont opté pour le costume noir, souhaite une bonne
soirée au public et retourne à son ensemble de synthétiseurs
pour le morceau suivant : Ethnicolor.
La complainte humano-synthétique qui surgit des haut-parleurs
tranche avec l'ambiance symphonique du premier morceau, et l'atmosphère
devient plus mystérieuse et feutrée. Le morceau est joué
dans son intégralité, et là encore, l'orchestre de
cuivres vient soutenir les voix synthétiques dans la seconde partie.
Jean-Michel
ne laisse pas au public le temps de souffler : il enchaîne immédiatement
sur Equinoxe 7. Durant ce morceau, une panne généralisée
du système d'éclairage vient plonger le site dans le noir.
Heureusement, la scène n'est pas affectée, et les feux d'artifices,
parfaitement synchronisés à la musique, viennent soutenir
le morceau. Apparemment, la foule ne comprends pas qu'il s'agit d'une panne,
et ne prête pas attention au manque d'éclairage.
Heureusement,
la panne est rapidement réparée par l'équipe technique
et le public peut à nouveau bénéficier de fantastiques
projections et de jeux de lumières époustouflants dès
le morceau suivant, Chronologie 6. Viennent ensuite les très électriques
Chants Magnétiques 1, après une nouvelle introduction. Puis
c'est au tour d'Oxygène 11 d'enflammer le site. Le morceau a été
modifié et le rythme est plus appuyé. Là, l'équipe
d'X<>Pose s'en donne à coeur joie et fait des merveilles : sur
les écrans de scène sont projetées des images où
sont appliqués des effets en temps réel. Les images sont
prises soit par des caméras externes, soit par la mini-caméra
qui est incorporée aux lunettes de Jean-Michel, qu'on appelle désormais
la « Jarre-Cam ». Ils sont quatre cette fois-ci à jouer
avec les images comme un musicien joue avec des sons, pour offrir au public
des images stupéfiantes.
C'est un véritable tour de force : les dernières modifications
et programmations des effets ont été faites à Paris,
puis envoyées à la dernière minute à Moscou
grâce à l'Internet, pour que l'équipe puisse bénéficier
d'effets encore plus spectaculaires. Après ce morceau erratique
et rythmé, Jean-Michel, visiblement très ému, prend
la parole : « Merci... Je voudrais maintenant dédier le prochain
morceau à la princesse Diana. C'était une amie, elle était
jeune, elle était belle, elle était généreuse,
c'était aussi une princesse rebelle et elle va nous manquer... Je
voudrais maintenant vous demander une minute de silence en sa mémoire...
Merci ». Le moment est très émouvant, Jean-Michel semble
très affecté par la disparition tragique de Lady Di, survenue
quelques jours auparavant. Il l'avait rencontrée à l'occasion
des concerts aux Docklands en 1988, et avait sympathisé avec elle.
Le public a parfaitement ressenti cette tristesse et le silence qui règne
sur le Mont des Moineaux après 45 minutes de déferlement
sonore est impressionnant.
Jean-Michel se dirige alors vers son Mellotron et entame un morceau
qui débute comme Oxygène 7, dernière partie, pour
évoluer vers la mélodie lente et triste de Souvenir de Chine,
rebaptisé « Souvenir » pour la circonstance. C'est un
grand moment d'émotion sur scène, et des milliers de briquets
s'allument dans la foule respectueuse.
Après
ce moment d'émotion intense, Equinoxe 4 est là pour redonner
un peu d'allégresse à tout le monde, et le spectacle repart
dans la bonne humeur. C'est ensuite un autre moment fort qui attend les
spectateurs, lorsque Jean-Michel leur demande d'applaudir les cosmonautes
de la station MIR !
Une liaison en direct est établie avec la station
spatiale (une bande préenregistrée avait été
prévue au cas où la liaison n'aurait pas fonctionné),
et les cosmonautes font un speech à la foule, en expliquant qu'ils
reçoivent en direct la musique du concert, là-haut, à
plus de 400 kilomètres d'altitude ! Ils ne sont cependant pas les
seuls, puisque les Moscovites qui n'ont pas la chance de pouvoir assister
au spectacle peuvent écouter sur une station FM locale une retransmission
en direct de l'événement (qui ne dure malheureusement que
la moitié du spectacle environ). La foule acclame alors les cosmonautes
héroïques et accueille l'apparition du faisceau central de
la harpe laser avec une grande clameur. La liaison s'achève et lorsque
la harpe a fini de se déployer, Jean-Michel frappe les quatre notes
d'ouverture d'Oxygène 7. Le morceau colle parfaitement à
l'ambiance spatiale, et de nombreuses projections relatives à l'espace
viennent soutenir le morceau. Malheureusement, la harpe laser ne fonctionne
pas correctement cette fois-ci et à plusieurs reprises, la harpe
reste muette lorsque Jean-Michel frappe un rayon. Ceci ne dure pas, et
le morceau, réorchestré pour la circonstance, se termine
correctement.
Jean-Michel vient ensuite présenter à la foule le Thérémin,
l'un des tous premiers synthétiseurs, dont on joue en déplaçant
les mains devant deux antennes. L'instrument est d'ailleurs d'origine russe
! Comme pour la tournée Oxygène Tour, Jean-Michel l'utilise
pour Oxygène 10, pendant que des formules scientifiques sont projetées
sur les écrans et l'Université. Puis vient le tour d'Oxygène
2, l'un des morceaux les plus représentatifs du premier Oxygène.
Les Chants Magnétiques 2 lui succèdent, dans une version
« classique » : la nouvelle version orientée techno
jouée dans la première partie d'Oxygène Tour a été
abandonnée. Des ballerines accompagnent Jean-Michel et ses musiciens
sur scène. Ce morceau a un effet immédiat et la foule se
déchaîne !
Le
public n'est pas au bout de ses émotions puisque Jean-Michel enchaîne
tout de suite avec la présentation d'un de ses synthétiseurs,
le Clavia NordLead II. Cela semble anodin, mais dès que Jean-Michel
fait retentir les quelques sons qu'il a programmé, la foule est
parcourue d'un grand murmure : tout le monde a reconnu les sons et la mélodie
d'Oxygène 4 ! Les spectateurs sont à nouveau déchaînés
durant le morceau, d'autant plus que des projections d'images laser animées
viennent s'ajouter aux images géantes, et l'on peut admirer des
pingouins nonchalants qui se dandinent sur la façade de l'Université,
allusion non déguisée à l'un des clips d'Oxygène
4. On est rentré dans la partie rythmée du concert, et Jean-Michel
enchaîne avec Chronologie 4, un morceau désormais «
classique » lui aussi. Là, c'est un véritable déferlement
de feux d'artifice qui submerge la foule, et l'on ne sait plus où
regarder pour ne pas en perdre une miette ! Lui succède le tube
du dernier album, Oxygène 8, que beaucoup semblent bien connaître
à Moscou ! Le public accueille très favorablement ce morceau
qui est sans aucun doute amené lui aussi à devenir un grand
classique.
Vient ensuite Oxygène 12, le morceau symbolisant le mieux le
thème du concert : la route vers le XXIème siècle.
Des chiffres géants s'inscrivent sur les façades, comptant
les années de 1997 à 2017, pendant que les écrans
scéniques diffusent le film noir et blanc déjà utilisé
pour l'Oxygène Tour, où l'on voit la vie animale et végétale
sous toute ses formes : la naissance, la vie, la chasse, la prédation,
la mort...
Ce sont de magnifiques images et la foule semble captivée par
ce film. Là encore, des feux d'artifices gigantesques viennent ponctuer
la fin du morceau. C'est déjà l'heure du dernier morceau,
et Jean-Michel ne pouvait pas choisir un autre titre que Révolutions
pour le finale. Les écrans du fond de scène se lèvent
tous, uniformément rouges (tout un symbole !) pendant que Jean-Michel
empoigne son mégaphone pour scander les paroles du morceau, reprises
en capitales géantes sur les façades de l'Université.
Beaucoup de spectateurs dansent, et Jean-Michel se retrouve soudain entouré
par deux marionnettes géantes, comme à la Défense.
Les feux d'artifice sont, une fois de plus, spectaculaires et des fontaines
romaines surgissent au devant de la scène.
Pour terminer le morceau,
Jean-Michel improvise une fin dans le style de celle de l'Oxygène
Tour, sur un Roland JP 8000 au son acide, pendant que la rythmique se fait
de plus en plus frénétique et rapide ! Après ce finale,
Jean-Michel présente les musiciens, et tous sortent de scène.
La foule applaudit à tout rompre ; beaucoup croient que le concert
est définitivement terminé et prennent déjà
le chemin du retour. De grands mouvements de foule sont visibles dans la
grande allée qui mène à l'Université.
Les
personnes qui commençaient à partir se ravisent au son de
Rendez-Vous 4, un autre morceau de Jean-Michel très connu ! Il a
été modifié, une nouvelle rythmique vient soutenir
la célèbre mélodie, et un choeur géant est
présent sur scène pour accompagner
Jean-Michel (il s'agit
des Choeurs de l'Armée Rouge) ! Des marionnettes gonflables géantes
se dressent soudain dans la foule pendant que les faisceaux de la harpe
laser balaient aléatoirement le ciel et que les feux d'artifice
explosent un peu partout dans le ciel ! Le public est ravi et danse jusqu'à
la fin du morceau que les choeurs terminent un peu à la manière
de Houston.
Enfin, c'est vraiment l'heure de l'ultime morceau, et Jean-Michel semble
triste lorsqu'il s'assoit devant son Eminent pour interpréter Oxygène
13. Il dédicace le morceau à la ville de Moscou et lance
la rythmique. La mélodie est accompagnée par les Choeurs.
A la fin du morceau, les artificiers brûlent leurs dernières
cartouches, et le ciel s'embrase, pendant qu'une cascade de feu tombe des
toits de l'Université. Des confettis sont lancés vers le
public en face de la scène. C'est un bouquet final très spectaculaire
qui clôture un concert tout aussi spectaculaire. Jean-Michel revient
saluer le public, et déclare que ce premier concert en Russie restera
gravé dans sa mémoire. Ça y est, cette fois, c'est
terminé, Jean-Michel quitte la scène, les lumières
s'éteignent et tout le monde commence à partir... Les forces
de sécurité étant omniprésentes, il n'y a pas
eu d'incident majeur lors du départ des spectateurs ; tout s'est
bien passé, malgré les embouteillages et la fermeture des
stations de métro proches du site.
Après le spectacle
De l'avis unanime des fans présents qui avaient déjà
assisté à plusieurs concerts en extérieur, ce concert
est le plus réussi et le plus impressionnant, notamment au niveau
de la pyrotechnie, qui n'a jamais été aussi présente
! Les effets visuels étaient aussi spectaculaires, l'éclairage
étant maintenant bien plus dynamique et diversifié qu'auparavant,
et l'apport d'X<>pose est indiscutable ! Le public russe, lui, a beaucoup
apprécié, et le concert était visible de tout Moscou.
De plus, ce concert était un véritable challenge technique,
mais Jean-Michel est réputé pour sa capacité à
relever des défis impossibles ! Il a su s'entourer d'une équipe
internationale compétente pour mener à bien ce fabuleux spectacle
de près de deux heures quinze minutes, pour un budget estimé
à 250 000 dollars. Le seul point litigieux semble être le
nombre de spectateurs présents. Le chiffre annoncé (par Jean-Michel
au public en cours de spectacle) de 3,5 millions, qui constituerait un
nouveau record d'affluence est en effet sujet à controverse. On
estime en effet qu'un million et demi, voire deux millions de personnes
peuvent prendre place dans le parc.
Pour
obtenir les 3,5 millions, il faudrait y ajouter les personnes présentes
sur les collines environnantes ainsi que celles présentes sur la
Place Rouge, où des écrans géants ont retransmis l'intégralité
du concert. Mais peut-on alors parler véritablement de spectateurs
? Quoi qu'il en soit, il vaut mieux considérer le chiffre avancé
comme une estimation généreuse. Mais ces discussions n'enlèvent
en rien au spectacle ses qualités indéniables, et le souvenir
impérissable qu'il laissera au public russe présent ce soir-là.
Une fois de plus,
Jean-Michel a parfaitement su marier son oeuvre à
l'histoire et l'architecture locale. Chaque morceau, éventuellement
réorchestré pour pouvoir y incorporer une touche artistique
locale, a réussi à évoquer une page de l'histoire
de la ville ou du pays.
Jean-Michel a en effet une capacité incroyable
à ressentir l'essence, l'atmosphère d'un lieu, pour se les
approprier et les incorporer au mieux dans ses spectacles. Les innovations
techniques ont été à la hauteur de l'événement,
avec la spectaculaire démonstration des capacités du logiciel
d'Arkaos notamment. Il ne reste qu'à espérer que Jean-Michel
nous réservera encore un spectacle comparable dans les années
à venir ; et qui sait, peut-être pour la Coupe du Monde, pour
le nouvel an prochain à Rio ou encore à Cuba pour les 40
ans de la Révolution ?
Où voir ce concert ?
Les
caméras ne manquaient pas ce soir-là, car la télévision
russe et l'équipe du concert filmaient l'intégralité
de l'événement. La télévision russe proposa
même un direct d'une vingtaine de minutes sur la télévision
nationale.
Elle a ensuite monté un film du spectacle qu'elle a diffusé
quelques semaines plus tard après consultation de Jean-Michel. L'équipe
du concert, sous la direction d'Aubrey Powell (grand réalisateur
de films de concerts, mondialement reconnu, ayant travaillé pour
Pink Floyd, Led Zeppelin, etc) a elle aussi tout enregistré et monté
également le film officiel, disponible pour les télévisions
du monde entier. Aubrey Powell a également dirigé dans le
même temps la réalisation d'un film biographique qui est disponible
avec le film du concert. A l'heure où cet article est bouclé,
on ne sait toujours pas si une télévision française
a acheté le film. On peut aussi peut-être espérer la
sortie d'un CD live à Moscou, ou un CD live de la tournée,
incluant des morceaux exclusivement joués à Moscou.
Damien Cohas
Remerciements : Rodolpho, Andreas, Bart, Sophie, Marc, Alexander
(extrait d'Oxygène n° 1, janvier 1998)