Pleins feux sur Jean-Michel Jarre

Au Midem 79 (le Marche International du Disque et de l’édition Musicale qui se déroule tous les ans en janvier à Cannes), c’est Jean-Michel Jarre qui a créé l’événement. Sur le port, sur fond de feu d’artifice et de lasers, on n’a entendu ce jour-là que son deuxième album « planant » : Equinoxe. Et voilà que ce petit Français au physique de minet charmeur (oeil de strass, cheveux lisses et vêtements recherchés) est sur le point de réussir à nouveau son fameux « coup »réussi ii y a deux ans à peine : celui d’ « Oxygène ». – J’avais appelé ce disque Oxygène parce que je souhaitais que ma musique soit une musique qui donne la même impression que lorsqu’ on ouvre la fenêtre. Je ne sais pas si le monde, il y a un an, manquait d’air, mais le résultat est là : plus de 2 millions d’ albums vendus dans la seule Europe, n° 1 en Angleterre, en Allemagne, en Scandinavie, en Espagne. J’en passe et des meilleurs. Aux Etats-Unis une solide implantation aussi. Je me situe dans le no man’s land compris entre Sheila et Boulez. D’un côté il y a la chanson et de l’ autre une musique intellectuelle donnant I’impression qu’il faut être docteur en maths ou en philo pour la comprendre. Cela m’attriste quand j’ entends dire: « La musique ? Moi je n’ai jamais appris… alors je ne peux pas suivre ». Je crois qu’il est temps de retourner à une altitude moins abstraite, qui ait moins le mépris du public… Mais attention, Jean-Michel Jarre, s’il pratique la musique électronique, refuse la qualification de « musicien en blouse blanche ». – C’est aberrant de faire en 79 de la musique avec la lutherie datant d’il y a 400 ans ! Mais c’ est aussi aberrant de faire de la musique d’ordinateur , Car un ordinateur ne sera jamais un homme. Je sais qu’ on considère la musique électronique comme quelque chose de barbare, d’ennuyeux, d’intellectuel. Mais je crois faire une musique qui, tout en utilisant des machines électroniques parce que ça correspond à la sensibilité de notre époque technologique, garde une certaine émotion. Je me sers de la machine exactement comme on se sert d’un instrument de musique traditionnel. Prince du planant. Jean-Michel Jarre, 30 ans, a installé dans sa maison un véritable studio d’enregistrement. Avec un ingénieur musicien ii va toujours plus loin dans ses recherches sur le son, Et après avoir composé la première musique électronique qui ait jamais servi de support a un ballet de l’ opéra de Paris, écrit des musiques de films, travaillé pour la télévision puis avec Pierre Schaeffer au groupe de recherche musicale (c’est la qu’il s’est familiarisé avec la musique d’avant-garde), avoir écrit des textes de chansons pour pas mal de jeunes chanteurs (« Les Mots bleus », « Les Paradis perdus » pour Christophe, « Ou sont les Femmes », «Les Bleus au Coeur » pour Patrick Juvet), Jean-Michel Jarre désormais ne travaille plus que pour lui, – Je cherche a être au niveau d’une génération qui vit les mêmes choses que moi au rythme de » l’électronique quotidienne. Je cherche à parler la même langue que cette génération qui est la mienne ou qui me suit. Dans quinze ans on écoutera de la musique, et les pensées qu’ on a dans la tète deviendront les images d’un film qui se projettera sur un écran. Mais en attendant cet heureux temps, Jean-Michel Jarre, le petit prodige, vit comble auprès de la femme de sa vie : Charlotte Rampling la belle. – Comme toutes les Anglaises, elle a besoin d’un jardin. Nos enfants aussi. Alors if leur a offert un beau jardin au fond duquel il a niché son studio,